Anna Bambou, Journal d’Anna Bambou
Seuils énigmatiques de l’amour
Faites apparemment d’images surannées, les oeuvres des Anna Bambou (elles sont deux) ne racornissent en rien le présent. Mais elles créent une emprise par effet de diaphanéité et d’éloignement. Les corps rejoignent parfois la mer et son écume : leur mouvement devient celui d’un temps remisé.
Le tout dans un travail de réflexion et de création rempli d’attention, d’émotion, de discrétion, d’amour pour tenter de mettre un ordre au chaos. La poésie règne dans cette vision si particulière du monde. Il existe là simplicité de l’émotion par subtilité des moyens et des couleurs profondes et sombres.
La disparition se métamorphose par le miracle de telles « re-présentations » : contre l’oubli existent une sourde illumination et une continuelle mutation. La langue plastique est sobre, sensuelle, dépouillée, elliptique.
Mais la sobriété n’empêche pas un certain romantisme. Tout reste furtif et latent là où se pose la question de l’amour, de ses seuils qui demeurent énigmatiques.
jean-paul gavard-perret
Anna Bambou, Journal d’Anna Bambou, exposition permanente, galerie Hegoa, Paris, 2018.