Si vous aimez l’univers de Schnitzler, alors courez voir cette pièce, une adaptation très fidèle de sa nouvelle Mourir

Arthur Schnitzler, grand auteur autrichien, est né à Vienne en 1862. Parallèlement à son œuvre dramatique, il écrit de nombreux romans et recueils de nouvelles. « Mourir » compte parmi parmi ses textes les plus connus. Félix et Marie se sont mariés pour le meilleur et pour le pire… sans penser que le pire allait arriver. Félix apprend que ses jours sont comptés. Face à cette nouvelle tragique, il s’efforce dans un premier temps d’affronter courageusement le diagnostic tout en souhaitant le bonheur de sa compagne. Mais le masque stoïque se fissure à mesure que se rapproche l’issue fatale. Félix ne veut plus admettre que Marie puisse jouir de la vie après sa disparition et lui demande de mourir avec lui. Entre l’amour et la mort, la jeune femme devra choisir.

Le théâtre du Marais est un lieu intime… et c’est tant mieux, car le thème (notre comportement face à la mort annoncée, la nôtre ou celle d’un proche) invite plus à l’introspection qu’au spectaculaire. La mise en scène, la lumière et les créations sonores tirent parfaitement profit de la proximité des trois personnages avec le public. Pendant près de deux heures, le spectateur est littéralement aspiré par l’histoire de cet homme qui va mourir, de sa compagne qui refuse d’y croire et de son ami médecin qui masque mal la fatalité du diagnostic. Pris de vertige, nous assistons à cette lente agonie, faite de répits et de dépression, de petits bonheurs volés au temps et d’angoisses… Il serait plus exact de dire que nous vivons cette agonie… La fin de la pièce, fatale mais connue d’avance, nous laisse comme à la fin d’un rêve agité dont on nous aurait sortis trop vite. La pièce nous plonge dans les tréfonds de notre propre appréhension de la mort ; nous n’en sortons pas tout à fin indemnes. Bouleversant de justesse et terriblement efficace.

Comment réagirions-nous face à la mort, la nôtre ou celle d’un proche, imminente ? Si chacun d’entre nous sait qu’il va mourir un jour, y sommes-nous réellement préparés ? Personne ne peut prédire l’avenir ni quel destin, heureux ou tragique, l’attend dans un an, un mois, un jour, une heure… Le Dernier acte nous met face à cette réalité cruelle qui nous atteindra tous un jour ou l’autre. Le spectateur ne peut s’empêcher de se placer en tant qu’acteur et de réagir devant une telle situation. Si le thème de la pièce est tragique, Le Dernier acte n’en reste pas moins un hommage vibrant à la rage de vivre devant la mort.

violaine cherrier

Le Dernier acte
D’après Mourir, d’Arthur Schnitzler
Adaptation et mise en scène :
Elise Arpentinier assistée d’Estelle Bonnier
Avec :
Philippe Delbart, Christophe Le Bref et Élise Arpentinier

NB – Le texte d’Arthur Schnitzler est disponible en édition de poche aux éditions Stock :
Arthur Schnitzler, Mourir, Stock coll. « Bibliothèque cosmopolite », janvier 2002 – 7,50 €.