Les éditions Maïa : un système de prévente qui change la donne pour les auteurs ?

Les éditions Maïa : un système de prévente qui change la donne pour les auteurs ?

J‘avais présenté cet été dans les colonnes du litteraire.com un manuscrit en sommeil depuis vingt ans dans un des tiroirs informatiques de mon ordinateur : Les fabuleuses exactions de Martin Filhou et de Nicole Lemmal, dont je rappelle le propos :

« Martin Filhou et Nicole Lemmal, figures improbables d’un monde littéraire en plein délire, incarnent l’univers clos d’une maison d’édition où s’entrechoquent egos, calculs financiers et illusions de grandeur.
Dans cette satire féroce, l’édition devient champ de bataille : un vieil expert en comptes reconverti en arbitre du bon goût impose sa dictature capricieuse tandis que les auteurs, éditeurs et lecteurs s’égarent dans un chaos jubilatoire. Entre farce absurde et critique acerbe des vanités culturelles, ce roman explore les dérives d’un milieu où la littérature se débat, étouffée par la folie de ses gardiens autoproclamés. »

Piqué par la curiosité de cette redécouverte – après la publication, entre autres, de cinq romans par le passé – , j’ai remis au propre le fichier (… dédié au monde de l’édition, ironie du sort) et fait quelques recherches sur Internet pour tenter, à l’instar d’un auteur lambda, un envoi (par courriel) début septembre à un éditeur afin de lui donner une forme papier plus aboutie. Ancien éditeur, je ne souhaitais de fait pas repasser par les fourches caudines de l’édition classique qui met des mois et des mois pour, souvent, vous répondre que votre manuscrit n’est pas assez porteur pour être publié.
Deux structures qui avaient attiré mon attention par leur communication et auxquelles j’ai fait parvenir le manuscrit le même jour, les éditions Maïa et Le lys bleu, m’ont alors répondu dans le délai record de trois semaines …et m’ont ensuite proposé un contrat à deux jours d’intervalle ! Autant dire que le comité éditorial est à chaque fois fort réactif.

Jouant le jeu, j’ai validé , par support dématérialisé, le contrat soumis par les éditions Maïa et suivi le processus mis en œuvre par cette structure, qui renouvelle les canaux traditionnels de l’édition. Pouvant en effet être publié sous divers formats (quantitatifs et qualitatifs, du papier au numérique), le dispositif, pour rayonner de manière optimale, s’appuie sur un système de prévente mis en place sur la plateforme Euthena. Ainsi, deux jours après avoir signé mon contrat et fourni les renseignements requis, une page dédiée à mon oeuvre a été créée et rendue accessible aux amateurs, curieux ou autres connaissances portées par les réseaux sociaux :

https://euthena.com/fr_FR/nos_projets/les-fabuleuses-exactions-de-martin-filhou-et-de-nicole-lemmal-frederic-grolleau-68dd2d4a3b4ae

Outre la présentation de l’auteur, du propos et d’un extrait de l’opus – ne pas hésiter à aller jusqu’en bas de la page de présentation –, on peut accéder ici à différents modes de soutien participatif au projet de l’auteur (sept catégories échelonnées tout de même) ainsi qu’à une correspondance en matière de pourcentage avec les différentes étapes de production/fabrication du livre.
Un système clair et transparent qui n’empêche pas, si les objectifs de prévente ne sont pas atteints, de publier le livre comme convenu initialement (seules les modalités de publication varient alors en concertation avec l’auteur).

L’idée est donc théoriquement bonne et limite les risques, qui consiste à asseoir une publication à venir sur un engouement antérieur pré-validé par les lecteurs potentiels : reste à savoir si cette « primeur » du livre fonctionne suffisamment pour que la campagne atteigne l’objectif minimal fixé…
A plus large spectre, il est possible d’entendre aussi dans ce processus une démarche éthiquement responsable : tant de livres paraissent au format papier chaque année, qui seront à peine distribués sur le territoire, en librairies physiques et encore moins lus ! Ici, le bouche-à-oreille est littéralement partie prenante de l’impression de l’ouvrage. Un site de vente en ligne de vêtements d’occasion ayant pignon sur rue s’est fait connaître avec cette maxime : « Vous ne le portez plus ? Vendez-le ! » ; on pourrait l’appliquer au protocole éditorial Maïa en le reformulant ainsi : « Vous en avez lu un extrait qui vous a plu? Faites-le imprimer ! »

Mais le système fait aussi sur la Toile des mécontents qui ne perçoivent dans le dispositif qu’une sorte de machine à imprimer déguisée, aucun travail réel d’édition et de communication sur les titres n’étant, selon certains, réalisé – la structure capitalisant sur les préventes obtenues et n’allant pas plus loin…
Pour l’heure, en ce qui me concerne, la communication est fluide avec le personnel de Maïa ; je vais par conséquent attendre le délai de campagne de deux mois pour faire le point sur la situation des Fabuleuses exactions de Martin Filhou et de Nicole Lemmal et revenir vers les lecteurs du litteraire.com

Et si jamais, grâce à la participation d’inconnus éclairés – et, cela va sans dire, adeptes du grolleauisme –, ce manuscrit devient, de roman virtuel, un livre de papier digne de ce nom, je le ferai savoir.

Laisser un commentaire