Jean Neygreau sur les épaules

Jean Neygreau sur les épaules

(Où aller ?)

Ta vieillesse t’envahit du rythme mesuré de tes phrases aux mesure de trente-deux quintuples croches. Elles s’agitent avec la précipitation d’une colonie de fourmis. Ce ne sont pas de bonnes amies mais tu y tiens avec tes mots. Ils ont leurs raisons.

Le temps peut-être révèlera-t-il ta vraie nature : mais quand ? Pour l’instant, tes mots sont comme ils sont, réveillent des jalousies, sèment la consternation, épousent qui tu es. Dans leurs entrepôts où joue ta métempsycose, ravale tes deux ou trois maillons de transcendance.

Tu te crois herculéen sous tes épaules métaphoriques : tu devrais changer leur fusil. Retrouve ta raison pour remonter la corde de tes émotions. Si elle est courte, invente un fil à plomb. Et souviens toi de ta dote : au jour des noces. tu arrachas tes derniers vêtements pour affirmer ta foi devant la grâce de l’élue. Encastré comme un mulet, en amoureuses fondations, tu célébras l’éclair fécond jusqu’au seuil de l’aube.

jean-paul gavard-perret

Photo : Philippe Airaud

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