Gym cas raie
Je prends des barres à mine et je me les enfonce dans le derche, je casse des émeraudes du Louvre avec mes dents, je me désespère dans la beauté. Et je demande à Dieu des trucs impossibles en gémissant pour celles et ceux que je ne connais pas. Je donne des coups de pied dans la terre, je titube et je dégringole. Je rêve de tabasser des tyrans et de picoler des heures, la gueule dans un seau. Je lis du Lermontov, au cas où j’aurais manqué quelque chose.
Abasourdi et sonné, je regarde l’océan à peau d’hommes ou d’écailles : des requins grands comme des granges me narguent. Je me souviens de tout. De rien. Je drague des sirènes pour leur faire traverser les forêts. Elles sont un peu obèses mais conservent une odeur de cuir et de miel et leurs aisselles sentent le pain brûlé.
jean-paul gavard-perret
Photo : fondation Newton