Franckie Vega & Amaury Grisel, L’Aquarium (exposition)
D’essence extrême orientale, le bondage traverse pourtant bien des cultures dont la nôtre. Car, si pour activer au mieux leur fréquence, le chaman Jivaro doit pouvoir fixer longuement son esprit sur des images de vrombissement où tous les sens se combinent dans l’expérience de la transe pour faire du corps une grande vibration immobile que signe le bondage, celui-ci peut aussi initier ce que Lucrèce évoquait dans De la Nature : « un être, au milieu d’un songe, dévoré par la soif, et qui cherche à boire, et qui ne trouve pas l’eau qui pourrait éteindre le feu de ses os ».
Les bondages de Frankie Vega et Amaury Grisel sont donc des germinations, des cosmogonies, des systèmes d’énergies, des basculements en des mondes intermédiaires, (bardo bouddhiste) dans lequel il ne faut pas voir un acte de barbarie. L’univers est en suspension et en mouvement dans la recherche de la beauté, spiritualité, simplicité, violence, fragilité, impermanence du monde et de l’humain selon un équilibre particulier qui répond par la négative à la question : faut-il vivre dans un mouvement incessant et permanent ?
L’équilibre se trouve en recentrant le monde et le moi par référence aux Axes du Monde et à l’obsession des sociétés tribales et archaïques du mandala des quatre directions et du centre avec les esprits des ancêtres et les mondes souterrains et célestes, arbre cosmique, amour universel intemporel. Cet art de rupture permet la transe et la métamorphose face à la futilité évanescente contemporaine tragi-comique et mortifère.
Face aux structures sociales qui enferment les individus dans des rêves stupides et médiocres, le corps devient Espace-Temps.
jean-paul gavard-perret
Franckie Vega & Amaury Grisel, L’Aquarium, photographies, Galerie Humus, Lausanne, du vendredi 3 mars au samedi 18 mars 2017 dans le cadre le « La fête du slip ».
