Evide(m)ment
Ce qui arrive
La photographie juste n’est pas juste une photographie. En jaillit le propos du défiguré, du défigurant ou de l’infigurable. En ce sens, elles créent des décompositions. Non à l’envers de toute défection morbide mais dans la progressive dislocation des figurations. En ce sens, l’obscur devient visible rattrapé d’un côté ou par un autre. Si bien que toute la photographie pousse la réalité à une exhortation par son exportation.
Souvent, elle touche le tabou du réel voire à son « noli me tangere » par son plaisir qui fascine le voyeur et son désir qui tue l‘artiste. La force de la photographie est le défi au symbolique et aux ambiguïtés du réel. Elle s’enfonce peu dans la tapisserie du monde par son instinct qui dépasse toute conscience de la terre ou du ciel. En mettant ses coups de pieds de l’âne aux supposées beautés ou horreurs par les idéologies esthétiques et éthiques d’usage, sa volupté se dégage des trahisons de l’évidence.
En conséquence, tout photographe doit trouver sa stratégie non pour appâter les voyeurs mais les perdre en route, tentant de se dégager non sans difficulté de la lumière ou l’obscur.
jean-paul gavard-perret
Photo : Florence Deba