Jérôme Bertin, Vie et mort d’un cycliste amateur

Jérôme Bertin, Vie et mort d’un cycliste amateur

Errant par excellence, Jérôme Bertin offre un art désopilant de la contemplation de son autobiographie. Jamais de blablas : l’auteur la rabote sans propension de son ego : « grimpeur / je suis / revenu / dans le deuxième / groupe » et, n’étant pas sprinter, il finit très loin . Mais qu’importe, le vélo représente les deux roues de son existence. L’as de der des routes est infatigable. Pour preuve, il ne parle qu’en mots en copeaux pour ne pas manquer ou perdre son souffle en bavard d’âge.

Parlant peu de lui, il puise l’encre là où le vélo avec le temps doit se remiser comme le fit Poupou (cycle Peugeot) avant son dernier silence. Après tant de courses qui se sont accumulées et sous la clameur des badauds, il entend le silence des cimetière. Mais qu’on se rassure, pour Bertin il est encore un quasi gamin, et qu’importe si, sur son vélo, certaines dulcinées, il ne peut les encadrer. A ce titre, n’est pas l’étalon Anquetil qui peut.
Ici, le lecteur se marre quand la poésie narre des tours de fronce aux tours de France (ou presque). Bertin, du vélo, resta amateur au destin plus mi-mollet que d’acier. Mais entre Pépé Fernand et Camille la promise et tant d’autres, sous l’envol des oiseaux ou près des humeurs de la mer, le poète est parfois un animal ou volatile – chevreuil ou hirondelle dans cette brève symphonie des instants où la vie se consume.

Lisons mais surtout relisons une telle piqûre de rappel de l’existence. Bertin devient Armstrong – non le coureur cyclique mais le musicien aussi gros que Jeannie Lorenzi ( la Longo et la Tata Jeannette à « l’appétit de moineau » du poète furent plus sveltes) . Mais qu’importe le flacon. Car l’ivresse demeure – avec plus ou moins de vitesse. Aux pionniers des rayons – loin des Galeries Lafayette et de Go-sport -, que toute grâce soit donnée et qu’ils soient accompagnés de motards de Dijon ou de Grouillon-Payzac. Le tout en la ligne des plus fines et aux mots en cale-pied. Et c’est là que la poésie avance. Jamais dans la choucroute mais sur des départementales où tout le monde pédale tant que faire se peut.

Jérôme Bertin, Vie et mort d’un cycliste amateur, Au Diable Vauvert, 2025, 160 p. – 17, 00€.

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