Le « quark » de mythes encore ignorés

Franck Le Feuvre et Jonathan Roze poursuivent leur présentation du travail des deux Stéphanois avec une quarantaine d’œuvres peintes sur toile pour la plupart. L’exposition propose des œuvres parfois drôles parfois plus acerbes. Le plus souvent Ella & Pitr travaillent in situ. En 2015, ils ont accepté, pour le « NuArt Festival », de peindre la plus grande fresque du monde. Leurs personnages « Lilith and Olaf »  sont apparus sur les toits d’usines à Klepp, étendus sur 21 000 mètres carrés.
Toutes les œuvres des artistes sont peintes à l’huile et leur thème est celui du lien qu’entretiennent entre eux et au jour le jour les deux créateurs. Entre complexité et naïveté, les peintures restent transgressives : y sont dévoilées des situations intimes dans lesquelles chacun peut se retrouver entre tendresse ou exclusion dans un mélange de réalisme et de magie. Il donne à l’œuvre un caractère fascinant mais difficilement « identifiable » et plein de chausse-trappes.

Les compositions à quatre mains ne sont pas sans rappeler une esthétique où l’épure et la fragilité jouxtent force et rudesse. Le dynamisme joue toujours sur les équilibres et les déséquilibres, sur la trace énigmatique et la perte des repères afin qu’en germent d’autres. Surgit le « quark » de mythes encore ignorés. Ils remontent des profondeurs de l’inconscient comme du quotidien.
L’œuvre devient la mémoire de cet indicible visible par une technique, un métier. A chaque présence le reflet de fantômes. Leurs traces fonctionnent contre comme avec la présence dont elles deviennent les digressions.

jean-paul gavard-perret

Ella & Pitr, Au jour le jour pour toujours , Galerie Le Feuvre, Paris, du 11 mai au 10 juin 2017.