Réel instable

Antonella Gandini vit à Mantoue, a suivi des cours de peinture et de techniques graphiques. En 1997, elle commence à s’intéresser à l’art vidéo et se consacre à la peinture et à la photographie en expérimentant des techniques intermédiaires et en imprimant ses propres photographies.
Elle passé son enfance au milieu de la nature et ce rapport aux éléments végétaux a considérablement conditionné sa recherche artistique. Peindre ne lui suffisait plus et elle s’est intéressée aux études philosophiques. Dans les années quatre-vingt-dix, son travail sur papier l’a longtemps maintenu quelque part à la frontière entre la peinture et la photographie en un processus de réduction. À partir de fonds principalement sombres, avec une exclusion presque totale de la couleur, elle faisait ressortir des corps palpitants, des hybrides végétaux ou animaux, des formes difficiles à distinguer.

Bien qu’utilisant aujourd’hui beaucoup la pratique numérique, elle préfère toujours travailler sur l’image plus que sur l’exclusivité d’un cliché. Depuis quelques années, elle fait partie du collectif Donne Fotografe Italiane, où l’identité de genre consiste à mettre en évidence les disparités et les préjugés de genre encore fortement enracinés dans sa société.
Elle souhaite démontrer l’indétermination philosophique du concept de réalité à travers la photographie, qui, par nature, en est le principal dépositaire. Pour ce faire, elle utilise le tirage en chambre noire, qui lui permet de donner forme à ce qui « apparaît ». La chambre noire est un lieu de suggestion ; l’image apparaît en silence, et l’obscurité acquiert ainsi une consistance physique et visuelle. Les sens sont plongés dans cet isolement feutré où seul l’esprit est libre de vagabonder.

jean-paul gavard-perret

Antonella Gandini, Ascolta come mi batte forte il tuo cuore – Incontro fotografico con Antonella Gandini, pittrice e fotografa, Maison des Femmes, Milan, 30 octobre 2025.