Des fêtes à nœud-nœud jouissives
Dans une acception Duchampienne bien comprise de la photographie, Yan Morvan sait que « l’action » en elle-même n’est rien : seul ce sur quoi elle débouche fait sens. C’est pourquoi - en s’amusant avec ses modèles souvent outranciers et hors-normes esthétique classique, glacée et anorexique — l’artiste les scénarise pour jouer avec le fétichisme, ses fanfreluches et ses falbalas. D’où la fixation de cérémonies drôlatiques qui sont autant de mises en bouche, de préludes à des après-midi de faunes intempestifs. Chaque photographie devient la châsse, le moule, le réceptacle de fêtes à nœud-nœud jouissives où l’épaisseur garde tout son rôle et casse les idées reçues sur la représentation.
Loin de réactions purement émotives et esthétiques « basiques », Yan Morvan percute et répercute une forme particulière autant de vision que de voyeurisme. Il repousse tout effet de mélancolie et plonge en un humour incisif là où l’image échappe aux conventions. Parfois, la couleur le cède au disegno, et les modèles sont les héros d’une histoire dégingandée. Surgit une atmosphère de liberté retrouvée. D’interrogation aussi.
Au lieu d’aboutir à des formes dont la perfection séparerait le flux, Yan Morvan tend toujours à produire un lieu qui agrège et désagrège. Ses présences ébranlent la pensée par leurs attitudes et leurs poses.
jean-paulgGavard-perret
Yan Morvan, Mondo sex, Texte de Stephan Levy-Kuentz, Editions Chez Higgins, coll. Erotica, Montreuil, 2016 — 200,00 €.