Poète d’origine roumaine, Snowdon King (aka Ionut Caragea) vit au Québec où il poursuit (entre autres) ses travaux poétiques et critiques. Travailleur impénitent, il lutte pour une littérature lyrique selon une esthétique et un engagement qui tiennent d’un pari sur l’avenir. Dans son œuvre, l’esprit de géométrie et celui de finesses jouent les antipodistes pour rejoindre l’émotion en cet endroit lumineux qu’on nomme la poésie. Celle-ci entend chez lui une certaine symbolique souvent amoureuse afin de représenter des formes possibles d’existence.
Dans sa recherche, paysages réels ou imaginaires renferment aspirations et élans pathétiques mais aussi les enfermements et les contraintes de l’être humain. Mettant d’une certaine manière en pièces l’éther, il le restitue dans des vers d’une opaline rigueur où parfois pointe une dureté à la Cioran (comme lui, le poète garde le goût de l’aphorisme). Avide de synthèse et d’éclats, Snowdon King brasse l’univers et ses éléments (de la fusion volcanique aux glaciation polaires) afin de secouer les somnolentes immensités originaires. Chez lui, l’être humain, dans son aspiration vers l’absolu, est partagé entre deux postulations : la voie intellectuelle et la voie sensuelle, c’est-à-dire la contemplation apollinienne et le mode de vivre dionysiaque. Le poète ne tranche pas car, désireux de nouvelles réflexions, il s’acharne sur les deux fronts. Quand l’un semble bouché, il empreinte un autre combat.
D’où le caractère multiple (mais Un) de son écriture fondamentalement anti-illustrative. Témoignant d’une orientation de l’esprit vers le concret du monde, Snowdon King, s’il est en quête d’amour charnel, n’en oublie pas pour autant la dimension spirituelle de l’être. La suggestion picturale ou anecdotique (évènementielle) des poèmes mixte les délices du spirituel à ceux de la vie dans l’appel d’un univers fabuleux où tout serait en parfait équilibre.
Une force émane de l’extraordinaire incarnation des vers comme de leur suggestion incantatoire. Le poète transpose le reflet de sa conscience dans la mélodie des mots en y recelant sa création, à l’instar de la mer qui cache parfois ses tonalités sous les vertes cloches des méduses : Nadir latent, le poète assume cette élévation paradoxale.
jean-paul gavard-perret
Snowdon King,
- La suprême émotion – Poèmes, Editions ASLRQ, Montréal, 116 p.
– Ciel Sans escalier, Editions e-Littérature, 2015.
Merci à vous, Jean-Paul.
Pour les passionnés:
http://www.ionutcaragea.ro/poezie_files/poezii%20traduse_files/ciel.htm