
Pascal Goblot, Après la pornographie
Pascal Goblot dans ce court texte renverse bien des idées reçues et montre l’effet « retard » des images pornographique : leur saturation « avait désamorcé ce qui, un temps, en avait fait la valeur des images, c’est-à-dire le secret et l’interdit, en un mot leur caractère d’initiation ».
L’époque a donc créé de fait, sous effet de monstration, une frustration.
L‘auteur souligne en conséquence une dévaluation inhérente au genre. Car si « Depuis le Moyen Âge, toutes les images, avaient été des leurres métaphoriques, désignant implicitement ce qu’elles censuraient » – savoir des corps de femmes nues, celles qu’offre la pornographie « moderne » crée non un oeil neuf mais une sorte de béance oculaire vidée de force et de sens au moment où, par son exhibition, la nudité n’est plus la bonne.
Donner à voir le triangle inversé du sexe féminin demande une mélancolie et une acuité que la pornographie ignore par manque de liberté et d’inventivité par rapport au sujet maltraité. Déculotter les femmes ne suffit pas à accorder aux images une véritable transgression.
D‘autant que, prétendument précurseur, la pornographie moderne n’a fait recycler des visions qui donnent à de telles images qui se veulent impertinentes une certaine innocence.Preuve que si le diable se cache dans certains détails, encore faut-il des artistes pour le faire surgir.
L’acuité du regard et la force de l’imaginaire créatif seuls impressionnent.
Tout le reste est pathétiquement plat plus que tonique et tue la nudité. Il faut donc se méfier des contrefaçons et Goblot le rappelle.
jean-paul gavard-perret
Pascal Goblot, Après la pornographie, Derrière la salle de bains, Rouen, 2020 – 5,00 €.