Michel Bourçon, Sorbier de l’oiseleur – Chambre 21
Ces poèmes des confins fourmillent de trouvailles poétiques. Dans des couloirs, une lune de métal reflète sa face déserte ou celle du monde. Le poète est forcé d’errer dans le regret d’un soleil. De sa voix, il croit dire mais ne se fait pas entendre.
C’en est fini avec les chœurs et cymbales. Le poète se tient au bord du monde pour passer en contrebande dans les herbes folles qu’il voit de sa fenêtre.
C’est de là et à nous, compagnons de noce, que Bourçon parle sans s’enivrer de mots. Il ne conserve que ceux de son enfermement : les mots-sel, les mots-népenthès. Existe là un lieu de silence comme (presque) dernière étape, qu’il faut parcourir seul mais non sans sérénité.
Et ce; même si personne, sinon des soignants, aperçoit l’errant en sa clôture.
Mais un langage s’invente pour le dire. Ce n’est ni un mirage, un hasard, pas même une coïncidence. La musique de ce langage ne trouble que celle du silence, mais les mots retrouvent leur propre image, comme survolant un grand lac immobile.
Preuve que images et mots sont venus de loin, avec leurs chansons de gestes et avec la vie du poète pour la et nous retrouver.
jean-paul gavard-perret
Michel Bourçon, Sorbier de l’oiseleur – Chambre 21, Editions Pourquoi viens-tu si tard ?, Nice, 2023, 136 p. – 12,00 €.
