L’art mots nie

L’art mots nie

Si on lui demandait dans son sommeil ou sur le point de s’endormir s’il était intelligent, il répondait « un peu » puis s’engouffrait dans son sommeil et devenait en ses rêves vraiment pertinent.
Du moins suffisamment pour écrire matin venu – même si il n’y avait pas forcément là de lien entre la cause et l’effet.

Sa production restait cependant maladive et faisait figure de logorrhée. Il ne pouvait s’arrêter. Rien de sérieux ou de triste dans ce qu’il concoctait. Juste des divagations spéculatives plus mollement drôles qu’académiques. Mais il y manquait la vraie dinguerie.
Il restait devant son traitement de texte comme devant un chantier exemplaire, une usine qui tournait à plein. Mais de toute façon qu’importe : ces productions ne souffraient d’aucunes publications. Ce qui évitait tout problème autant à ses potentiels éditeurs et lecteurs qu’à lui-même.

Son bla-bla servait à occuper sa terre aride. C’est du moins ce qu’il croyait en sa prétention dont il était le premier témoin. Néanmoins, il n’avança jamais d’un pouce. Alors, quant à déplacer les montagnes…
Mais c’était toujours une excuse. Si vous  avez des doutes à son sujet, dites : « se déclare écrivain ». Cela lui fera plaisir mais c’est une appellation abusive.

jean-paul gavard-perret

Photo Katia Gehrung

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