Irène Jonas, La valise dans le placard
Irène Jonas : « L’âme à tiers » (Lacan)
A travers des photographies sur papier baryté et partant d’un tirage noir et blanc rehaussé à la peinture à l’huile, Irène Jonas accentue l’absence de repères entre passé et présent, la confusion entre cauchemar et réalité pour fusionner mémoire intime et mémoire historique.
Pour cette quête photographique menée entre 2018 et 2020, la créatrice est allée par des lieux marqués par l’Histoire du nazisme et de la Shoah : Munich, Dachau, Prora, Nüremberg, Prague, Terezin, la tanière du loup, etc.
L’évocation vient donc de loin et d’une mémoire collective que l’artiste partage : « Enfant, il y a les visages graves et parfois douloureux des adultes qui se taisent quand elle entre dans la pièce, puis des phrases qui arrivent par bribes au fil des ans. Des noms et des lieux qui s’inscrivent dans le souvenir avant même de savoir à qui ou à quoi ils correspondent. Des peurs aussi, totalement irrationnelles qui font qu’elle prépare tous les soirs sans rien dire une petite valise au cas où… » écrit-elle.
Et l’artiste reprend des images qui rappellent celles de l’époque. Elles créent une mise en scène singulière. L’aspect semble parfois documentaire : mais pour suggérer l’horreur et la peur, la poésie prévaut.
Irène Jonas poursuit de fait une interrogation pour savoir ce que veut dire « témoigner ». Cela ne passe pas par la pure « reproduction » mais en se posant la question de savoir comment le réel peut être pris en compte dans la structure et la constitution d’une image composite et originale. Elle donne plus de force aux sensations que les silhouettes scénarisent.
jean-paul gavard-perret
Irène Jonas, La valise dans le placard, Viewing Room 4, Galerie Thierry Bigaignon, Paris, 2020.
One thought on “Irène Jonas, La valise dans le placard”
La quête et la transcription d’Irène Jonas est aussi celle de Victoria Mas même si cette dernière se cantonne à la Salpêtrière dans Paris . Le témoignage est leur principal projet que JPGP sait discerner .