Entre pognes et capuche : entretien avec le poète Perrin Landga (Glace Belledonne)

Entre pognes et capuche : entretien avec le poète Perrin Landga (Glace Belledonne)

Perrin Langada cultive une certaine légèreté de l’être et de la poésie. Au texte succède un autre texte de manière primesautière. Chacun ne trame qu’un tissu précaire, mais à leur manière organise le chaos par fragments tout en précisant ce qu’il en est des recommencement, des répétitions, des attentes remisées. Ainsi l’aimée : « jamais la même / jamais une autre /toujours virtuelle ». Tout est construit ainsi afin que l’être humain fasse avec ses manques et ses accoutumances.

 Entretien :

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
Mon réveil matin. Ou mon fils.

Que sont devenus vos rêves d’enfant ?

Des poèmes.

A quoi avez-vous renoncé ?
À devenir une rock-star. C’était pas très sérieux. La poésie c’est plus discret.

D’où venez-vous ?

De Romans-sur-Isère, une petite ville où on mange des ravioles et des pognes.

Qu’avez-vous reçu en « héritage » ?

Pour l’instant, rien. Mes parents sont en bonne santé.

Qu’avez vous dû « plaquer » pour votre travail ?

Je mets moins de sweats à capuche. Mais j’y reviens.

Un petit plaisir – quotidien ou non ?

Un poème. Un peu de guitare. Un bon repas. Une promenade au grand air.

Qu’est-ce qui vous distingue des autres poètes ?

Je ne suis pas un type bizarre, torturé, ou bourru. Enfin je ne crois pas. En revanche je corresponds assez bien au cliché du poète distrait et rêveur. Plus sérieusement, j’essaie de ne pas écrire des choses qui ne parlent qu’aux amateurs de poésie. J’essaie de ne pas écrire des poèmes incompréhensibles pour la plupart des gens. J’essaie de ne pas tomber dans la mièvrerie ou dans une fausse attitude provocatrice. J’essaie de ne pas parler pour ne rien dire mais c’est dur. Bien sûr je ne suis pas tout seul à essayer de faire cela.

Quelle fut l’image première qui esthétiquement vous interpella ?

Sincèrement, je crois que c’est la coupe de feu de Son Goku en mode super-guerrier.

Et votre première lecture ?

Les jeux au dos des paquets de Chocapic. Plus tard, « Charlie et la chocolaterie ».

Quelles musiques écoutez-vous ?
Beaucoup de choses. Fidèle à Radiohead et à pas mal de groupes de ma jeunesse. Passionné de guitare, j’ai découvert le flamenco il y a une dizaine d’années et c’est quand même la plus belle utilisation qu’on puisse faire de cet instrument. En ce moment le groupe de rap Odezenne.

Quel est le livre que vous aimez relire ?

Sans mentir, il est très rare que je relise un livre. Je repioche souvent dans les œuvres complètes de Rimbaud. J’aimerais relire le Zarathoustra mais je ne vais jamais bien loin. En ce moment je relis mes Thorgal et la série des Gunnm.

Quel film vous fait pleurer ?

Je pleure assez facilement, mais pas à grands flots. La dernière fois, c’était devant « Yesman », alors.

Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?

J’ai l’impression de me voir quand j’étais gamin.

A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
J’ai toute une ode à Radiohead que je n’ose pas envoyer à Thom Yorke.

Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?

Venise.

Quels sont les écrivains et artistes dont vous vous sentez le plus proche ?

Saint-Amant. Charles Cros. Jehan Rictus. Boris Vian. Prévert. Ponge. Plus récemment, Thomas Vinau. Guillaume Siaudeau. Marlène Tissot. Thierry Roquet. Emanuel Campo. Heptanes Fraxion. Pénélope Corps.

Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?

Ma femme me dit toujours de faire une liste quand j’ai des idées car je ne sais jamais quoi répondre à cette question. Mais je viens de voir qu’un nouvel album de Vicente Amigo était sur le point de sortir.

Que défendez-vous ?

Peut-être l’absence de hiérarchie dans la culture. Mais sans inclure la téléréalité. Faut pas pousser.

Que vous inspire la phrase de Lacan : « L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas »?

Il avait de sacrées névroses. Ou alors c’était un inconscient.

Que pensez-vous de celle de W. Allen : « La réponse est oui mais quelle était la question ? »

Yesman.

Quelle question ai-je oublié de vous poser ?

Est-ce bien la poésie qui a fait de vous ce multimilliardaire bodybuildé au teint naturellement calciné par les U.V. ?

Entretien et présentation réalisés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 27 mars 2017.

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