David Besschops, Asile d’un seul

Vit d’ange

Refu­ser que l’espoir ne reste pas sans voix n’oblige pas pour autant à l’esprit de sérieux — sinon à retom­ber dans une lit­té­ra­ture de témoi­gnage qui ne convien­drait que trop peu à un poète tel que Bes­schops. Il porte haut les mots et pour une rai­son majeure : le “fou” plus qu’un autre se connaît.
Pour preuve, il se rend de temps en temps à l’asile pour véri­fier son bon fonc­tion­ne­ment et au besoin rafraî­chir ses connais­sances afin res­ter à son avan­tage (et son livre le confirme) dans notre royaume de bouf­fons et de dingues.

Il demeure le frin­gant rou­tard sur­réa­liste que les che­mins en droite ligne effraient car il sait qu’ils mènent direc­te­ment au chaos. Nous l’estimons coupé, comme du gazon, de la rai­son. Mais lui seul est retourné à l’herbe. En son esprit qui bat la cam­pagne, aucune âme n’est à ravau­der. Il peut au besoin la lécher ou la sécher — mais les pieds plan­tés dans le sol.

Ne le tirons donc pas conti­nuel­le­ment de sa terre. Et sachons décou­vrir sa sourde sagesse. Elle cou­ronne sa mai­son de l’être d’un réveil auquel les pré­ten­dus sains d’esprit font la sourde oreille. Leurs manèges nous jouent de sales tours là où leurs vieilles lunes balancent dans le ber­ceau des jours pour mieux occul­ter ce que son babil cor­rode.
Ici, c’est par “les trous du psy­chisme” que les choses se passent et les amours se dressent ou se traitent dans les béances d’un dis­cours qui ignore les bien­séances. D’autant que l’auteur sait que les pul­sions ne se changent pas comme un disque et quel que soit le nombre de leurs tours et de leurs tourbes.

Mais qu’importe. Ici, la femme n’a plus d’âge. Entre la réa­lité de fan­tasmes et la fic­tion des élec­tro­chocs, le bon­homme de ficelle et de bois dont on fait les enclumes sonne l’heure des éclats pour se vider la tête de ceux qui l’interprètent avant de déta­ler sous la pluie ou battre leur rap­pel. Car comme les autres, le sur-réaliste n’est pas à une contra­dic­tion près.

jean-paul gavard-perret

David Bes­schops, Asile d’un seul, Edi­tions Dancot-Pinchard, Bel­gique, 2023, 62 p.- 14,00 €.

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Filed under Chapeau bas, Poésie

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