Charles Pennequin, Dehors Jésus

A prendre plus qu’à laisser

Dans l’humour, la fac­ture de bric et de broc et le phrasé qui lui sont chers, Pen­ne­quin entraîne le lec­teurs en des bribes de scènes et de récits comme si les entames suf­fi­saient pour tout dire du poli­tique au sein de morales approxi­ma­tives et bur­lesques qui tiennent presque des confi­dences de comptoir.

Défilent des per­son­nages qui ne font que pas­ser dans cet espace-temps dont ils sont les repré­sen­tants de com­merce dou­teux. La vie est là en ses consé­quences ou ses ravages par une telle gale­rie de por­traits.
Les êtres y sont des per­dants éton­nés par ce qu’ils subissent mais res­tent enjoués par ce que la prose de Pen­ne­quin méta­mor­phose contre toute pro­pen­sion morose.

Il y a là une théo­rie iro­nique de peuples dont l’ensemble est monté en épingle par la bouf­fon­ne­rie intrin­sèque au pro­pos d’un divin plus zazou que Jésus. Ce qui lui per­met d’accoucher d’un évan­gile apo­cryphe des plus corus­cants où Péguy — mais il n’est pas le seul — “renaît tout chif­fonné”.
Il semble faire la nique à un auteur qui s’autodéfinit comme “un bébé san­glant et braillard du ventre obsessionnel-mélodique” du lau­da­teur de la cathé­drale de Chartes.

Un pré­sent gno­mique (“gno­mique trou­pier” pré­cise l’auteur) sur­git en gru­meaux sen­siques et ryth­miques dans un texte cousu à la main pour enchaî­ner des pièces rap­por­tées.
Le tout dans un éloge de la vitesse que n’auraient pas renier les futuristes.

jean-paul gavard-perret

Charles Pen­ne­quin, Dehors Jésus, P.O.L édi­teur, Paris, février 2022, 352 p. — 20,00 €.

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