Dans l’humour, la facture de bric et de broc et le phrasé qui lui sont chers, Pennequin entraîne le lecteurs en des bribes de scènes et de récits comme si les entames suffisaient pour tout dire du politique au sein de morales approximatives et burlesques qui tiennent presque des confidences de comptoir.
Défilent des personnages qui ne font que passer dans cet espace-temps dont ils sont les représentants de commerce douteux. La vie est là en ses conséquences ou ses ravages par une telle galerie de portraits.
Les êtres y sont des perdants étonnés par ce qu’ils subissent mais restent enjoués par ce que la prose de Pennequin métamorphose contre toute propension morose.
Il y a là une théorie ironique de peuples dont l’ensemble est monté en épingle par la bouffonnerie intrinsèque au propos d’un divin plus zazou que Jésus. Ce qui lui permet d’accoucher d’un évangile apocryphe des plus coruscants où Péguy — mais il n’est pas le seul — “renaît tout chiffonné”.
Il semble faire la nique à un auteur qui s’autodéfinit comme “un bébé sanglant et braillard du ventre obsessionnel-mélodique” du laudateur de la cathédrale de Chartes.
Un présent gnomique (“gnomique troupier” précise l’auteur) surgit en grumeaux sensiques et rythmiques dans un texte cousu à la main pour enchaîner des pièces rapportées.
Le tout dans un éloge de la vitesse que n’auraient pas renier les futuristes.
jean-paul gavard-perret
Charles Pennequin, Dehors Jésus, P.O.L éditeur, Paris, février 2022, 352 p. — 20,00 €.