Avec le temps tout s’en va. Sauf peut-être l’écriture. Elle met plus de temps à nous quitter que le reste. Et lorsque le corps marche moins bien et avant que la tête ne se rouille complètement, elle reste grouillante de coassements même aux heures gelées des temps sans caresses. La littérature éveille ainsi des raisonnements oniriques où se touchent l’intime et le singulier.
Hauc y a toujours greffé la question de l’élan lié aux lamelles de la mémoire. Pour en rappeler la rondeur. Ce qui ne veut pas dire que les mots s’apprivoisent. Mais l’auteur sait sauter à la corde avec eux et avec bien des demoiselles. Que reste-t-il de leurs parades sinon les phrases errantes qui les harcèlent ?
Qu’est-ce qui vous fait vous lever le matin ?
La force de l’habitude.
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
Oubliés depuis longtemps.
À quoi avez-vous renoncé ?
À devenir riche et célèbre.
D’où venez-vous ?
D’une famille petite-bourgeoise du Midi de la France.
Qu’avez-vous reçu en « héritage » ?
Peu de choses, en vérité. J’ai dû me forger un tempérament de pirate.
Un petit plaisir — quotidien ou non ?
Me promener tout seul dans une ville d’Italie.
Qu’est-ce qui vous distingue des autres écrivains ?
J’ai bien peur de ressembler à nombre d’entre eux.
Quelle est la première image qui vous interpella ?
Je suis depuis toujours un amateur d’images de supplices.
Et votre première lecture ?
Elles sont trop nombreuses pour que je me souvienne de l’une d’entre elles.
Quelle musique écoutez-vous ?
Celle de Bach, les trois opéras de Mozart et Da Ponte et quelques perles de Viennois bien déjantés.
Quel est le livre que vous aimez relire ?
“L’Odyssée”.
Quel film vous fait pleurer ?
Aucun dont je me souvienne.
Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
Un étranger aux cheveux gris qui me ressemble comme un frère.
À qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
Au Père Noël.
Quel(le) ville ou lieu a pour vous une valeur de mythe ?
Rome.
Quels sont les artistes et écrivains dont vous vous sentez le plus proche ?
Goya, Bacon, Sade et Bataille.
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Un flacon de poison pour le jour où je déciderai de me suicider.
Que défendez-vous ?
La liberté sous toutes ses formes.
Que vous inspire cette phrase de Lacan : « L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas » ?
Une excellente définition de l’amour.
Que pensez-vous de celle de Woody Allen : « La réponse est oui, mais quelle était la question » ?
Au-delà du nonsense qu’affectionne le cinéaste, je songe à la fin du monologue de Molly : « … et oui j’ai dit oui je veux bien Oui. »