Chambre noire
Par sa série ELLE, Daniela Roman a photographié une anonyme, une jeune femme noire, émigrée. Mais, hors effet de simple réalité, la créatrice scénarise rêveries et fantasmes de cette femme perdue dans un appartement vide du 14ème arrondissement de Paris.
Va-t-elle beaucoup mieux dans ce nouveau lieu ?
Tout demeure en énigme. Là où l’héroïne tend son regard vers des hors-champs.
Il s’est passé bien des choses mais Daniela Roman crée une fiction de la réalité de cette belle femme qui a quitté l’Afrique pour échapper à des désastres.
A travers des épures en couleur le regardeur est confronté à une sorte d’interrogation par une série de tableaux photographiques plus mystérieux et évanescents les uns que les autres.
Cette “ELLE” sort à peine de l’anonymat mais casse notre indifférence. Elle devient le vecteur d’un lien étrange là où, dans les prises, la dureté de la vie d’une telle déracinée demeure présente loin de tout romantisme.
Daniela Roman a inventé une technique particulière pour montrer ce qui se passe. Elle crée des sortes de “griffures” sur une plaque en métal où les photographies s’enrichissent de pigments, de fusain ou d’encre.
ELLE, par ce transfert, appartient à une mythologie sublimée de ce qui oppresse l’exilée aujourd’hui comme hier. Ici comme ailleurs.
jean-paul gavard-perret
Daniela Roman, ELLE, galerie du 51 rue Daguerre, Paris.