Guylaine Monnier dresse dans ses poèmes une sorte de bilan (provisoire) de sa vie : “C’est l’histoire d’une femme. Elle dit à un moment, je ne sais plus./ Elle dit, grenier de la mémoire. La voix file d’entre ses lèvres souffle une même consonne et sa bouche forme trois mots, fille femme femelle”.
Dès lors, à travers des fragments de souvenirs repris — forcément — par les effets de temps, “ce qui ne grandit plus vieillit/ — toujours hors du ventre — / joies et peines y forment pourtant / une eau parfaitement limpide”.
Car il existe chez l’auteure une propension à une extase de la vie dans divers moments de sensualité de plusieurs registres. La nature reste — dans son aspect aquatique et vaporeux — ce qui nimbe les pas de la “Fille, femme, mère, charriées sur chaque rive”.
L’auteure crée des textes où une intelligence est en acte dans les reprises qui revisitent ce qu’on entend par identification et appartenance. Des agencements féconds et habiles ouvrent les questions qui dépassent une simple vision égotique. Les agencements et recompositions sensorielles deviennent une manière particulière de mettre du “luxe” dans la vie.
Il n’a rien de superfétatoire : ce luxe est celui d’une sagesse existentielle fait de simplicité et de justesse.
Guylaine Monnier rappelle une porosité essentielle : il suffit d’écouter pour entendre et de regarder pour voir. Et c’est pourquoi le livre est lumineux. Une forme d’autobiographie se remonte par fragments loin de l’auto-fiction dans ce qui devient divers foyers qui font oublier à l’auteure d’être triste. A ses lecteurs aussi.
A ce titre, elle reste primitive du futur.
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jean-paul gavard-perret
Guylaine Monnier, Un jour demain, illustré par Pierre Lebas, Editions Pupilles Vagabondes, 2019 — 15,00 €.
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