Eric Liberge, Monsieur Mardi-Gras Descendres, tome 2 : “Le télescope de Charon”

Etre un mort tran­quille n’est déci­dé­ment pas, ici-haut, à la por­tée du pre­mier qui­dam venu !

Mardi-Gras Des­cendres a eu tout le pre­mier tome de cette éton­nante saga pour mettre de l’eau dans son ersatz de café : qu’il le veuille ou non, il va bien fal­loir qu’il tente — avec les obso­lètes moyens du bord — de car­to­gra­phier le noir pur­ga­toire. Notre infor­tuné mac­cha­bée va ainsi de décon­ve­nues en décon­ve­nues dans ce deuxième volet encore plus sombre (comme si c’était pos­sible) que le pré­cé­dent. A mesure que le pay­sage ambiant se pré­cise — dès que le car­to­graphe mau­dit et tré­passé prend de la hau­teur — la psy­cho­lo­gie (ou ce qui en tient lieu) des étranges pro­ta­go­nistes de ce décor post-mortem se fait jour (si l’on ose dire) éga­le­ment, avec plus d’acuité.

C’est que Mardi-Gras Des­cendres, qui l’ a per­due — défi­ni­ti­ve­ment ?, telle est la ques­tion -, ne sait plus ou don­ner de la tête : cor­na­qué par les membres de la Cor­niche qui l’ont aussi enlevé — soi-disant pour son bien…-, entouré de psy­cho­pompes aussi éthy­liques que fan­tas­meurs, sur­veillé par les membres du funeste ordre reli­gieux (et tota­li­taire) de la Sala­mandre, notre pauvre héros ens­que­letté est tiré par tous à hue et à dia. Au risque d’y lais­ser les der­niers os qui lui res­tent. Etre un mort tran­quille n’est déci­dé­ment pas, ici-haut, à la por­tée du pre­mier qui­dam venu ! Il est vrai que l’entrée en matière est plu­tôt ardue et qu’on a un peu de mal à s’y retrou­ver, nous autres, entre toutes ces frac­tions rivales dont les affi­dés se res­semblent, hor­mis tel bou­lon doré ou telle pla­quette d’argent liant deux radius, comme deux gouttes d’os, mais le résul­tat vaut l’effort consenti.

Après un pre­mier tome (Bien­ve­nue !) enchan­teur, mal­gré le contexte tor­tueux, ce périple aux confins d’un pur­ga­toire nau­séa­bond revu, cor­rigé et démy­thi­fié avec génie par Eric Liberge porte au lec­teur le coup de grâce (esthé­tique), ne convo­quant la cou­leur que pour rehaus­ser (et non diluer ou noyer) le noir et blanc de la pre­mière édi­tion de la série. Bref, on nage dans le bon­heur absolu et,pour un peu, on serait presque tenté de rejoindre séance tenante à notre tour (qui vien­dra bien assez tôt) le pur­ga­toire infer­nal en ques­tion …his­toire de voir sur place à quoi cela ressemble.

fre­de­ric grolleau

   
 

Eric Liberge, Mon­sieur Mardi-Gras Des­cendres, tome 2 : Le téles­cope de Cha­ron, Dupuis, Col­lec­tion : Empreinte(s), 2004, 64 p. — 12,95 €

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