Stéfanie Renoma, Faux-semblant (exposition)

Les trois genres

Stéfa­nie Renoma invite à recon­si­dé­rer nos a prio­ris liés aux injonc­tions et assi­gna­tions sociales et cultu­relles nor­ma­tives. Avec iro­nie elle les bous­cule, les désta­bi­lise, sub­ver­tit en semant le trouble dans le genre et la dis­tinc­tion de sexe. Cela nous en apprend plus que bien des études contem­po­raines dites « sexuées ». Dans ces œuvres, la dimen­sion sexuelle devient une suite de mélanges et d’inversions des signa­lé­tiques sexuelles. Les iden­ti­fi­ca­tions, pas­sant presque obli­ga­toi­re­ment par l’androgynie, méta­mor­phosent le fémi­nin en mas­cu­lin ou inver­se­ment. Par et dans des bouts de corps aux formes éro­tiques duplices et ambi­guës ou des façon­ne­ments de corps bou­le­ver­sés, se sym­bo­lise l’entrechoc de ques­tions, d’images, d’associations inso­lites, de rela­tions inédites, de ten­sions, de conflits, de sen­ti­ments contraires ; le tout avec iro­nie.
Ce que Sté­fa­nie Renoma pointe se noue en des jeux de sub­sti­tu­tion, de dépla­ce­ment. Elle fait œuvre avec la pos­si­bi­lité d’utiliser la langue plas­tique pour mon­ter autre chose que ce qu’elle feint de mon­trer. Dans le jeu des signi­fiants et de l’entrecroisement des genres, mali­cieuse et ludique l’artiste ren­verse les conven­tions dis­cur­sives et sociales, conscientes ou non.

Ce qu’elle reprend et inter­prète à l’aune de sa fan­tai­sie per­son­nelle crée des formes, des figures, des espaces qui sont des « méta­phores d’émotions », de scènes plas­tiques de repré­sen­ta­tions de désirs, de fan­tasmes, de maté­riaux psy­chiques conscients ou non, qui rejoignent l’expérience de tout être humain.
L’artiste trouve cer­tai­ne­ment ses « modèles » et son ins­pi­ra­tion dans le monde de la mode qu’elle connaît bien. Mais il se peut que ses pho­to­gra­phies viennent de plus pro­fond encore et que la concep­tua­li­sa­tion psy­cha­na­ly­tique pour­rait appro­fon­dit. Mais qu’importe. Le trouble y garde une place cer­taine, tout vacille et s’embrouille déli­cieu­se­ment sans mili­tan­tisme appuyé jusqu’au « trans­genre » entre triomphe, domi­na­tion, déta­che­ment ou éla­bo­ra­tion paci­fiante et sans jamais reven­di­quer rien d’autre que le jeu. Il per­met sans doute d’exorciser bien des démons et des réa­li­tés inconscientes.

jean-paul gavard-perret

Sté­fa­nie Renoma, Faux-semblant, Mai­rie du 8ème arron­dis­se­ment, du 5 au 16 avril 2018.

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