L’œuvre de Jacques Cauda crée une immense métaphore de la féminité. Mais une féminité « effroyable » au nom de la première d’entre les femmes et d’où est sorti par son « cul abouché au néant » le garnement écrivain et artiste. Puritains s’abstenir. Cauda n’y va pas par le dos de la cuillère pour évoquer Suzanne et les autres. Bref, toutes des Caliguliennes dont l’auteur abuse – à moins que ce soit le contraire.
Dans ce texte, Artaud lui-même reste aux abonnés absents. Con suce bête. Mais ce n’est là que la partie émergée de l’iceberg qui va fondre dans l’exhalaison des corps. Celui des « métamorphes » finit par « meugler à mort » lorsqu’il se sauce, pour finir, avec la main.
S’ignorent la pénitence et l’ascèse au profit de « sales » d’attentes potentiellement volcaniques. Nul ne peut dire si l’auteur s’amuse ou cicatrise certaines blessures. Reste la comédie absolue des corps jusqu’à des extrémités qui rendrait le salace Sade mort d’effroi. Pour autant, le livre échappe au cynisme, à la vulgarité et la pusillanimité.
Dans chaque fragment demeurent un doute et un vertige, des trous de lumière dans les vêtements qui se déchirent. Au sein du passage plus qu’esquissé tout est possible, rien ne reste en suspens. La femme demeure exposée à la vacance de sa propre vacance. Elle subit des inconsistances notoires et des « cuites » du genre anthropophage. Il est peut être question du sacré absolu de l’amour mais jamais de son idée : juste de ses actes.
Cauda prouve combien la nudité n’est rien face au dévoilement qu’il propose. L’exhibition est fiévreuse. Tel Madame Edwarda au Bordel (de Bataille) l’auteur intime à son lecteur un « tu dois regarder, regarde ».
La lecture ne cherche pas la communication d’un secret mais la communion dans l’innommable en une œuvre au noir que les photographies d’Elizabeth Prouvost prolongent de leurs ténèbres et de leur gloire.
jean-paul gavard-perret
Jacques Cauda, Les Caliguliennes, photographies d’Elizabeth Prouvost, Les Crocs Electriques, 2017.
merci, Jean-Paul, comme toujours, vous êtes au plus près de mes préoccupations, un vrai plaisir de vous lire. Elizabeth