Celle qui refuse de ressortir aves ses ex : entretien avec Astrid Chaffringeon

Astrid Chaf­frin­geon, telle une fée dans sa mai­son en chantier(s), apprend à res­pi­rer autre­ment et à han­ter des lieux incon­grus. Cha­cun rêve de s’y frayer un che­min entre ordre et pagaille. Un mur dans ce lieu est comme un train : il peut en cacher un autre. La cui­sine est ouverte mais pas la salle de bains : l’artiste, écri­vaine, gale­riste s’y enferme en sioux cita­dine pour l’étude, le recueille­ment (ou l’extase qui sait ?). En « dées­se­mé­ralda », elle arti­cule des récits che­villés au cœur et mitonne d’autres pro­jets ico­no­clastes dans l’esprit du sur­réa­lisme belge : il tire en riant tou­jours vers la hauteur.

Entre­tien :

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
La soif.

Que sont deve­nus vos rêves d’enfant ?
Enfant je rêvais d’être maintenant.

A quoi avez-vous renoncé ?
A jouer d’un ins­tru­ment à cordes.

D’où venez-vous ?
De Bohême probablement.

Qu’avez-vous reçu en dot ?
L’orgueil et la déraison.

Un petit plai­sir — quo­ti­dien ou non ?
Le pre­mier thé du matin.

Qu’est-ce qui vous dis­tingue des autres gale­ristes, artistes et écri­vains ?
Je me dis­tingue à peine alors com­ment me com­pa­rer aux autres ?

Com­ment définiriez-vous votre approche du monde de l’art ?
Nar­ra­tive et spéculaire.

Quelle est la pre­mière image qui vous inter­pella ?
La dame à l’hermine de Vinci parce qu’elle refu­sait de me regarder.

Et votre pre­mière lec­ture ?
Je crois qu’avant “Fic­tions” de Borges je ne lisais pas, je me conten­tais d’engloutir.

Quelles musiques écoutez-vous ?
En musique j’ai des phases mono­ma­niaques. Je n’écoute qu’un seul type de musique pen­dant un laps de temps défini par un pro­jet. Par­fois même une seule chan­son, en boucle. En ce moment c’est Sabali d’Amadou et Mariam.

Quel est le livre que vous aimez relire ?
Aucun, ce serait comme res­sor­tir avec un ex.

Quel film vous fait pleu­rer ?
« Le temps des gitans », depuis mes 16 ans.

Quand vous vous regar­dez dans un miroir qui voyez-vous ?
(vous voyez, je cherche mais ne me trouve pas)

A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
A mon notaire.

Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Savan­nah parce qu’onomastiquement elle n’est pas située au bon endroit et aussi grâce à Minuit dans le jar­din du bien et du mal d’Eastwood.

Quels sont les artistes et écri­vains dont vous vous sen­tez le plus proche ?
Puisqu’il est ici ques­tion de sai­sons et de tem­pêtes: au prin­temps Anne Teresa de Keers­mae­ker et Pas­cal Qui­gnard, en été Jean Eche­noz et Frida Kahlo, en automne Wes Ander­son et Vir­gi­nia Woolf. En hiver je ne recon­nais plus personne.

Qu’aimeriez-vous rece­voir pour votre anni­ver­saire ?
Un masque Dogon.

Que défendez-vous ?
Le droit d’asile.

Que vous ins­pire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est don­ner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Il a dit cela avant ou après Marie-Louise Blondin ?

Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la ques­tion ?“
Au regard des der­nières accu­sa­tions qui ont été por­tées contre lui, je ne pré­fère pas pen­ser à ce qu’il a bien pu vou­loir dire.

Quelle ques­tion ai-je oublié de vous poser ?
Is 42 the mea­ning of everything ?

Pré­sen­ta­tion et entre­tien réa­li­sés par  jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 30 novembre 2016.

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