Poésie sur Alger mixe la création poétique et la réflexion sur l’architecture sans oublier la peinture et la sculpture. Ce fac-simile publié au début des années 50 fait retour sur les projets d’urbanisme que l’architecte proposa au préfet d’Alger en 1942 mais qui furent refusés par le conseil municipal de la ville. Les idées sur l’urbanisme de la cité sont liées au topos géographique et historique du lieu.
Véritable aventure urbanistique et poétique, le livre devint une aventure d’édition. Celle-ci met en évidence un véritable déclaration d’amour envers la ville blanche. Le Corbusier y a rêvé longtemps avant de proposer son urbanisme aussi utopique que réaliste. Il s’agissait de «Loger trois cent mille habitants sur les Hauts»; d’«étendre des palmes sous les pas de la ville» et d’«aménager des événements architecturaux».
De ce projet demeure ce beau livre. Le texte original est complété de celui de Cléo Cantone. Il permet aux lecteurs de s’immerger non seulement dans la poésie de Le Corbusier mais dans les enjeux et le propos politique de l’architecte.
Sa vision d’Alger continue de travailler même si elle a été refusée. S’adressant à ceux qui sont assujettis dans la ville à « la condition fœtale » qu’évoque Ernesto Neto, l’architecte suisse a donc proposé des fécondations. Reste à repenser le type d’interaction que son œuvre peut générer à la fois chez des architectes d’aujourd’hui mais aussi les poètes du temps capables de rêver à leurs propres lieux en tirant toutes les leçons qu’ils peuvent trouver dans le « brutalisme » cher au Corbusier.
jean-paul gavard-perret
Le Corbusier, Poésie sur Alger, Hatje Cantz, Ostfildern, 2016.