Aurélie Dubois, The Corridors

Auré­lie Dubois et le transgenre

Auré­lie Dubois pro­pose une recherche plas­tique qui détourne les images clas­siques du désir et du genre. La sexua­lité se déplace au-delà de la chambre et de ses draps frois­sés. L’érotisme devient une spé­cu­la­tion radi­cale, impré­vi­sible, “déviante”, par­fois vio­lente, par­fois comique. Néan­moins, le tatouage de l’âme reste tou­jours pré­sent sur le tor­rent du corps même si ce der­nier a du mal à res­ter seul dans son lit. L’artiste par­fois l’harnache et le ren­force : jamais pour le cana­li­ser. Il doit se sou­le­ver plus haut que son argile. Il doit atteindre un autre lieu, “enfer ou ciel qu’importe” comme aurait dit Bau­de­laire. C’est chaque fois un régal mais aussi une pro­vo­ca­tion poé­tique même au sein de la farce ou la folie des lubri­ci­tés et des déguisements.

A ce titre The Cor­ri­dors  est un « road­mo­vie » inté­rieur qui modi­fie les codes en inter­ro­geant le sexuel et le poli­tique, l’imaginaire et le docu­men­taire. Son per­son­nage est un mutant « insexuel, quelqu’un qui n’existe pas et qui existe par­tout » dit la créa­trice. Son aven­ture per­met la mise en scène de pas­sages entre le haut et le bas, le mas­cu­lin et le fémi­nin. Daniel Androvski, avec lequel Auré­lie Dubois tra­vaille, pré­cise l’objet du film : «La créa­trice nous pro­pose d’épurer, de faire sor­tir le venin de la morale, où la jouis­sance ne serait qu’un funeste brouillon mêlant le plus-de-jouir à l’esthétique du trou.»
Le héros est femme et homme, phal­lus et uté­rus. Il est là pour expri­mer le trans­genre de tout corps. Le désir et l’intime sortent des dicho­to­mies au pro­fit d’un « invi­sible ». Il contraint le regar­deur à quit­ter la fas­ci­na­tion et la sidé­ra­tion ins­ti­tu­tion­na­li­sées. Se sub­sti­tue une lumière trou­blante. L’artiste sug­gère com­ment cer­tains veulent tirer les rideaux sur une alté­rité. Auré­lie Dubois impose à ce titre  une « étran­geté » néces­saire dans son conte de la sub­ver­sion identitaire.

Voir le film ici

Voir son expo­si­tion Pour un flirt avec toi

jean-paul gavard-perret

The Cor­ri­dors, un film d’Aurélie Dubois, 2014, cou­leurs, 11 mn.

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Filed under Arts croisés / L'Oeil du litteraire.com, cinéma, DVD / Cinéma, Erotisme

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