Cauda met le paquet. Et pour preuve d’éructer : « Je bande la liberté. L’écriture est une fille qui vous tient par les couilles. Je bande la nuit et je baise au matin. Au réveil. La main droite confondue à la main sinistre. ».Et il ajoute une couche (douteuse) : “J’écris sale ». Mais il fait le ménage – enfin presque – pour se débarrasser des effets esthétiques.
L’intelligible mérite mieux. Pas de lacets dans ce langage et il n’abrite pas du tangible sentimental. Sa distinction est une recherche ou plutôt une pratique d’une certaine façon quasi manuelle dans ses trafics des blondes, tabacs et peintures.
Mais c’est l’éloge de la liberté et la joie d’en jouir. De l’aliénation, Cauda ignore tout. Il court vers la liberté comme le taureau à la vache. Car la liberté permet le corps mais aussi la peinture et la musique. (Exit les histoires fausses des romans familiaux). Et elle va au besoin en bonus jusqu’au jazz. Tout pulse et impulse. Et de préférer au sucre, le stupre et le vicieux. L’argot y va s’il le faut “bite dans l’air (même des dames)”.
Cauda se dit « bizarre tendu comme une queue ! ». Et qu’importe s’il marche avec une canne. L’indéfini du langage tourne dans une structure en spirale. Et qu’importe chez lui tous les types de mimétismes quitte à poser sur une table des poissons morts depuis des jours qui empestent. Comme Soutine, l’artiste peint dans l’odeur de pourriture.
Mais il a de grandes idées pour certaines femmes (depuis toujours façon N.D.L.R.). Pas n’importe laquelle d’entre elles. Sa nudité le captive mais il fignole pas seulement ses dessous. Les sentiments existent. Parfois du moins, mais “le pal qui pointe sa tête comme une plume de stylo s’enfonce dans le gras” où le lecteur s’imagine. Mais pas seulement.
Néanmoins, “géologiste”, l’artiste et auteur fait toujours bonne figure à ses heures. Et plus tard. A cinq heures, Paris s’éveille. Et pas que.
jean-pauml gavard-perret
Jascues Cauda, L’origine des lèvres, Tarmac édition, mars 2024, 49 p. — 10,00 €.