Coupes, élévations, rabattements, perspectives, épures enrichissent la perception du monde et du temps. Celui-ci ne nous attend pas pour filer. Mais plutôt que d’en souligner la perte, Olivierv Vossot essaie de comprendre ce qui se passe à travers la « voix touchante et brève » de celle qui contient au moins provisoirement – la « clé de tout ». Elle crée des “suspensions irrationnelles” là où l’imaginaire est surpris par ce qu’il produit : si bien que, pensant évoquer un caillou, celui-ci devient un oreiller.
A y regarder de près, le livre propose la scrutation et l’approfondissement du visible. Même si, du côté de ses locataires, personne ne se presse au portillon. Si bien qu’il arrive que les yeux se ferment et que les mots deviennent parcimonieux. Il faut presque un effort pour regarder par la fenêtre le ciel qui s’estompe dans un écho à la nuit de l’être.
La description du monde devient autant celle de la vie mentale. Le corps lui même est goudronné jusqu’au sang, rigidifié par ce qui tremble en lui. Manière de se tenir dedans ou de subir sa face lorsque le scalpel tranche pour apporter précision et mystère. Vossot y loge l’éclat, tente de se délivrer de la négation, construit l’écart qui retient la lumière pour qu’une masse critique ne cesse d’osciller.
jean-paul gavard-perret
Olivier Vossot, Personne ne s’éloigne, L’Echappée Belle Editions, Bagnolet, 2018, 62 p. — 12,00 €.