Caroline François-Rubino ose des diagonales poétiques du fou. Ses peintures, dessins et aquarelles ressemblent soudain à une main égarée dans le songe. Cela sent le plaisir loin de tout pittoresque mais avec autant de légèreté que de profondeur. L’artiste nous fait perdre volontairement le nord : le perd-elle aussi ?
En ce cas, c’est pour notre pur plaisir. Ses peintures deviennent une histoire poétique de visions colorées de manière subtile.
Chaque oeuvre tremble de divers possibles dans la cadence de rythmes qui correspondent à ceux des poètes. Il y a des grondements par les ricochets. Des formes étirent leurs nageoires jusqu’à déployer ailes et rémiges pour apprendre le vent. Poétesse intrépide des formes, l’artiste quitte ses bords familiers pour aller explorer des fugues et ne craint jamais de s’égarer vers des goulets clandestins ou de s’enlacer à des déferlantes et des serpentines.
Des légendes roulent leurs chimères dans les aiguillages de l’insomnie. La folie plastique rit derrière son masque, les plombs pètent ou fondent là où un Pont des Soupirs relié au réel par l’imaginaire finit par s’envoler.
jean-paul gavard-perret
Caroline François-Rubino, Livres avec les poètes, Médiathèque André Labarrère, du 10 avril au 6 mai 2017.