J’ai dit tout le bien ici que je pensais de Comilédie, chef-d’oeuvre de l’auteur. Ses œuvres picturales sont tout autant fringantes dans leurs barbouillages en rien confits sinon des fruits de la passion. L’artiste et poète en revient aux étapes « primeurdiales » de leavie : en pote âgé il cultive un jardin d’Eden particulier. Sa binette soulève une terre humide et chaude. Bref, l’Adam Méphisto fait d’Eve, ignorant les courroux mais pas les gorges d’une même couleur, roucoule des coucouroucoucous qui n’ont rien de suisses.
Entretien :
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
La prise de mes médicaments. Je suis un survivant de tous mes excès. Devenu un mélange d’ajouts (prothèses, valve cardiaque) et d’ablations (vésicule, case du haut), je me surélève plus que je ne me lève. C’est sans doute pourquoi j’ai créé le mouvement surfiguratif.
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
À l’âge de six ans (je me souviens de l’endroit avec précision, une cour d’immeuble à Choisy-le-Roi), j’ai fait le serment de devenir poète… Et je me suis à écrire sur les pages de garde des livres que je lisais. La Fontaine, surtout.
A quoi avez-vous renoncé ?
À rien. Je ne renonce jamais. Je tiens la vie entre mes deux maxillaires et je ne lâche pas.
D’où venez-vous ?
Je reviens de loin.
Qu’avez-vous reçu en « héritage » ?
Mon arrière grand-père Paul Stuart chantait à l’Opéra, écrivait des poèmes et des lettres à Mallarmé…
Qu’avez vous dû “plaquer” pour votre travail ?
L’argent, je suis plaqué or.
Un petit plaisir — quotidien ou non ?
Préviscan 20, Bisoprolol 5, Valsartan 40, Galvus 50, Atorvastatine 10
Un autre : décliner numéro après numéro les passions humaines. Exemple : passion 97, Il lui dégoutte de la cire d’Espagne sur les fesses….
Qu’est-ce qui vous distingue des autres artistes et écrivains ?
C’est à eux de le dire.
Comment définiriez-vous votre approche de la littérature ?
Approche ? Je l’ai prise à bras-le-corps. Comme Zeus avec la blanche Io.
Le Corrège, Jupiter et Io
Quelle fut l’image première qui esthétiquement vous interpella ?
Les seins de Marie-Antoinette peints par Vigée Le Brun.
Et votre première lecture ?
J’ai appris à lire très jeune (méthode Montessori), à quatre ans et demi sur deux livres, le ridicule roman de Victor Hugo “Les misérables”, et La Bible.
Quelles musiques écoutez-vous ?
Baroque (Bach, Purcell, Haendel, Vivaldi, Boccherini, Charpentier et d’autres) et jazz (tout).
Quel est le livre que vous aimez relire ?
Le jour, je relis “Les Mémoires de Casanova”. La nuit, les ” 120 journées de Sodome “de Sade.
Quel film vous fait pleurer ?
“Salò” de Pasolini.
Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
À moi.
Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Gotham City.
Quels sont les écrivains et artistes dont vous vous sentez le plus proche ?
L’école de la grotte Chauvet m’est contiguë.
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
30 ans de moins.
Que défendez-vous ?
Je me défends assez bien.
Un soir de brume, dans la banlieue sud de Paris, j’ai mis en fuite toute une bande de voyous à l’aide d’un seul crochet de boucherie. J’avais 17 ans. Et mon crochet ne me quittait jamais.
Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Je lui préfère celle-ci : « L’amour est un bouquet de violettes. » Peint par Manet. Evidemment.
Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la question ?“
« I was a Flower of the mountain yes when I put the rose in my hair like the Andalusian girls used or shall I wear a red yes and how he kissed me under the Moorish Wall and I thought well as well him as another and then I asked him with my eyes to ask again yes and then he asked me would I yes to say yes my mountain flower and first I put my arms around him yes and drew him down to me so he could feel my breasts all perfume yes and his heart was going like mad and yes I said yes I will Yes. » Oui ?
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
C’est une bonne question…
Présentation et entretien réalisés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 23 janvier 2017.
Humour. Poésie. Irrévérence. Classe…
Lu avec un grand plaisir. Merci pour ton humour et ta joie de vivre malgré tout, cher Jacques Cauda. Et merdre à tous les emmerdeurs et culs de plomb !
Jacques Cauda est dada !
Un entretien incisif, sans fioriture. Jacques Cauda a peut-être l’ironie des désespérés, mais son obstination à persévérer dans son art nous dit en même temps le contraire. La patience est le flambeau de l’optimisme.
Ah oui, dada ! Une bain de fraîcheur que cet entretien. Ça découpe, ça découpe.