Préviscan 20, Bisoprolol 5, Valsartan 40, Galvus 50, Atorvastatine 10 : entretien avec l’artiste, poète et sale « ghost » Jacques Cauda

J’ai dit tout le bien ici que je pen­sais de  Comi­lé­die, chef-d’oeuvre de l’auteur. Ses œuvres pic­tu­rales sont tout autant frin­gantes dans leurs bar­bouillages en rien confits sinon des fruits de la pas­sion. L’artiste et poète en revient aux étapes « pri­meur­diales » de lea­vie : en pote âgé il cultive un jar­din d’Eden par­ti­cu­lier. Sa binette sou­lève une terre humide et chaude. Bref, l’Adam Méphisto fait d’Eve, igno­rant les cour­roux mais pas les gorges d’une même cou­leur, rou­coule des cou­cou­rou­cou­cous qui n’ont rien de suisses.

 Entretien :

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
La prise de mes médi­ca­ments. Je suis un sur­vi­vant de tous mes excès. Devenu un mélange d’ajouts (pro­thèses, valve car­diaque) et d’ablations (vési­cule, case du haut), je me sur­élève plus que je ne me lève. C’est sans doute pour­quoi j’ai créé le mou­ve­ment surfiguratif.

Que sont deve­nus vos rêves d’enfant ?
À l’âge de six ans (je me sou­viens de l’endroit avec pré­ci­sion, une cour d’immeuble à Choisy-le-Roi), j’ai fait le ser­ment de deve­nir poète… Et je me suis à écrire sur les pages de garde des livres que je lisais. La Fon­taine, surtout.

A quoi avez-vous renoncé ?
À rien. Je ne renonce jamais. Je tiens la vie entre mes deux maxil­laires et je ne lâche pas.

D’où venez-vous ?
Je reviens de loin.

Qu’avez-vous reçu en « héri­tage » ?
Mon arrière grand-père Paul Stuart chan­tait à l’Opéra, écri­vait des poèmes et des lettres à Mallarmé…

Qu’avez vous dû “pla­quer” pour votre tra­vail ?
L’argent, je suis pla­qué or.

Un petit plai­sir — quo­ti­dien ou non ?
Pré­vis­can 20, Biso­pro­lol 5, Val­sar­tan 40, Gal­vus 50, Ator­vas­ta­tine 10

Un autre : décli­ner numéro après numéro les pas­sions humaines. Exemple : pas­sion 97, Il lui dégoutte de la cire d’Espagne sur les fesses….

Qu’est-ce qui vous dis­tingue des autres artistes et écri­vains ?
C’est à eux de le dire.

Com­ment définiriez-vous votre approche de la lit­té­ra­ture ?
Approche ? Je l’ai prise à bras-le-corps. Comme Zeus avec la blanche Io.

 

 

 

 

 

   Le Cor­rège, Jupi­ter et Io

 

 

 

Quelle fut l’image pre­mière qui esthé­ti­que­ment vous inter­pella ?
Les seins de Marie-Antoinette peints par Vigée Le Brun.

 

 

 

 

 

 

Et votre pre­mière lec­ture ?
J’ai appris à lire très jeune (méthode Mon­tes­sori), à quatre ans et demi sur deux livres, le ridi­cule roman de Vic­tor Hugo “Les misé­rables”, et La Bible.

Quelles musiques écoutez-vous ?
Baroque (Bach, Pur­cell, Haen­del, Vivaldi, Boc­che­rini, Char­pen­tier et d’autres) et jazz (tout).

Quel est le livre que vous aimez relire ?
Le jour, je relis “Les Mémoires de Casa­nova”. La nuit, les ” 120 jour­nées de Sodome “de Sade.

Quel film vous fait pleu­rer ?
“Salò” de Pasolini.

Quand vous vous regar­dez dans un miroir qui voyez-vous ?

 

 

 

 

 

 

 

A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
À moi.

Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Gotham City.

Quels sont les écri­vains et artistes dont vous vous sen­tez le plus proche ?
L’école de la grotte Chau­vet m’est contiguë.

 

 

 

 

 

 

 

Qu’aimeriez-vous rece­voir pour votre anni­ver­saire ?
30 ans de moins.

Que défendez-vous ?
Je me défends assez bien.
Un soir de brume, dans la ban­lieue sud de Paris, j’ai mis en fuite toute une bande de voyous à l’aide d’un seul cro­chet de bou­che­rie. J’avais 17 ans. Et mon cro­chet ne me quit­tait jamais.

Que vous ins­pire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est don­ner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Je lui pré­fère celle-ci : « L’amour est un bou­quet de vio­lettes. » Peint par Manet. Evidemment.

 

 

 

Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la ques­tion ?“
« I was a Flo­wer of the moun­tain yes when I put the rose in my hair like the Anda­lu­sian girls used or shall I wear a red yes and how he kis­sed me under the Moo­rish Wall and I thought well as well him as ano­ther and then I asked him with my eyes to ask again yes and then he asked me would I yes to say yes my moun­tain flo­wer and first I put my arms around him yes and drew him down to me so he could feel my breasts all per­fume yes and his heart was going like mad and yes I said yes I will Yes. » Oui ?

Quelle ques­tion ai-je oublié de vous poser ?
C’est une bonne question…

Pré­sen­ta­tion et entre­tien réa­li­sés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 23 jan­vier 2017.

5 Comments

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5 Responses to Préviscan 20, Bisoprolol 5, Valsartan 40, Galvus 50, Atorvastatine 10 : entretien avec l’artiste, poète et sale « ghost » Jacques Cauda

  1. Christelle Mercier

    Humour. Poé­sie. Irré­vé­rence. Classe…

  2. Guillaume Basquin

    Lu avec un grand plai­sir. Merci pour ton humour et ta joie de vivre mal­gré tout, cher Jacques Cauda. Et merdre à tous les emmer­deurs et culs de plomb !

  3. Guillaume Basquin

    Jacques Cauda est dada !

  4. Lucchesi Jacques

    Un entre­tien inci­sif, sans fio­ri­ture. Jacques Cauda a peut-être l’ironie des déses­pé­rés, mais son obs­ti­na­tion à per­sé­vé­rer dans son art nous dit en même temps le contraire. La patience est le flam­beau de l’optimisme.

  5. Thireau Philippe

    Ah oui, dada ! Une bain de fraî­cheur que cet entre­tien. Ça découpe, ça découpe.

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