Mathias Lair, Il y a poésie

De l’air

Certes, pour Lair « il y a la poé­sie » : mais pas n’importe laquelle. L’ancien res­pon­sable de la regret­tée revue « Mot pour Mot » mul­ti­plie dans son livre ses bul­le­tins d’humour et d’humeur avec le genre qu’il ché­rit. Le but n’est pas de construire un logos dis­cur­sif mais de mettre en évi­dence cer­tains « incestes » qu’elle doit subir.
Le pre­mier — et non des moindres — : celui de l’idéalisme. Sous pré­texte de la sup­po­sée illu­mi­na­tion de ceux qui se prennent pour ses gou­rous (et par­fois ses lacan­gou­rous), elle se réduit à une théo­so­phie de plus.

Quant au pré­sumé poète, il reste plus qu’à son tour un psy­cho­tique. Comme tout être atteint par cette mala­die, il ne souffre pas de ne pas être né, mais de n’avoir pas été « iden­ti­fié » par sa géni­trice pen­dant sa gros­sesse. L’objectif sera de faire savoir à la terre entière son état d’inséparation. Mais là où ça se gâte, c’est que n’est pas Artaud qui veut.
Lair mul­ti­plie ainsi des vati­ci­na­tions moins far­cesques qu’il n’y paraît. Il rap­pelle com­bien chez les poètes rôdent un tota­li­ta­risme sta­li­nien. Cha­cun d’eux est, à ses yeux, le seul a bien écrire et à dire « La » vérité : c’est ce qu’on peut repro­cher à des poètes pour­tant inté­res­sants du type de Jacques Soj­cher. Ce besoin de toute-puissance, rap­pelle Lair, « puise à nos racines les plus infan­tiles ». Et il est bon de le rap­pe­ler. A bon enten­deur, salut !

jean-paul gavard-perret

Mathias Lair, Il y a  poé­sie, Edi­tions Isa­belle Sau­vage, 2016, 164 p. — 17,00 €.

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