Musika, L’accumulée & L’homme à l’œil
L’approche littéraire de Musika protège une zone d’instabilité, de mobilité. Fidèle par son écriture à sa peinture, par ces deux médiums elles ne cesse de lutter contre la fixité, contre le déclin, contre la désignation, l’identification fixe et la résignation. L’œuvre se dresse dans une indépendance revendiquée.
La créatrice la trouve surtout dans son atelier où « l’instant est tout le temps. Le premier jour du reste de sa vie ». Ses tableaux sont comme ses textes : tout simplement beaux. L’accumulée ramène à la peinture, L’Homme à l’œil à d’autres « sensations ». Mais l’aventure existentielle est toujours la même. Nous sommes au cœur d’une existence douloureuse, habitée mais qui évite tout pathos et ne se perd pas dans les circonvolutions anecdotiques.
Ajoutons que l’artiste paie cher son refus de toutes compromissions. Ses peintures ne convoquant pas du consensuel, d’une certaine manière, on la traite de sorcière ou pire : on la tait. Elle ne fait pourtant que nous dégager du rôle d’officiants de notre propre aliénation.
Il en va de même avec son écriture. Sa puissance dévore la solitude. Reste un souffle en un crépuscule infini , un pied dans le jour et l’autre dans la nuit. Elle demeure celle qui marche même dans l’obscur. Et droit devant. A lire. Pour être enchanté.
jean-paul gavard-perret
Musika, L’accumulée & L’homme à l’œil, Edilivre, Saint Denis, 2016 – 8,50 € chaque exemplaire.
