Tropes aux demi-sphères

Tropes aux demi-sphères

Tout texte tel un escalator allant du haut vers le bas mène à un produit intérieur brut. Vecteur de transes, il combat un parfum intolérable souligné par Artaud : « l’homme n’est que sa merde ». L’écriture est donc humaine et anale. Le fétichisme de l’âme qualifie seulement une de ses débauches collatérales.

Relique plus que talisman, l’écriture tire aussi le tapis de la mémoire vers l’imaginaire un peu comme il en est du vêtement : s’il est choisi judicieusement, il offre à son porteur la coupe qui convient le plus à sa peau de bête (parfois aux yeux tristes et au museau de bouledogue.)
Elle est aussi et encore une Olympia nue qui pose entre ses cuisses sa main en éventail. Elle cache sa toison intime mais afin de laisser apparaître quelques poils de son pubis. L’écriture est donc à la vie ce que cette main représente pour l’intime. Sa sincérité se situe entre le mensonge et le mystère et se livre à divers exercices de s(t)imulation.

Sachons enfin que nous écrivons un texte qui n’a jamais été le nôtre. Néanmoins, nous apprécions sa venue, sa visite. Du moins ce que nous en retenons et qui s’entend mentalement et introduit l’ailleurs dont la femme offre dans l’étreinte le miroir.
Il s’agit de revenir par les mots au silence que celle-ci indique : le dialogue impossible de l’enfant et de sa mère dont la société a légalisé l’interdit ou encore le désir et son absence

Pour finir, l’écriture reste tel un thé d’hier. Il s’exalte au fond de lui-même, il infuse en s’étalant contre le néant. Il est l’attente qui n’en termine pas de finir jusqu’à l’ultime seconde afin que l’impossible mot surgisse du cocon rompu de tous ceux qui auront été entassés. Manière de boire la tasse jusqu’à « finalement assez » (Beckett).

jean-paul gavard-perret

Photo Tristan Felix

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