Stéphane Pucheu, C – C J C – C OU CAIUS JULIUS CAESAR
Ecce Caesar
César est un veinard. Le voici écrivain et voix de l’occident. Le spéculum de l’Histoire (plus que romaine) est dans sa tête. Et pour preuve, son futur est déjà le présent, pour ne pas dire le passé. A ce titre, il a remplacé la devise S P Q R comme le train pour la SNCF. Voici icelui Catalyseur, Endurant, Stratège, Aventurier, Régénérateur. N’en jetez plus : la coupe est pleine.
Selon sa doxa Et son évangile selon lui-même, voici sa propédeutique, son intimité dans sa domus ou en guerre, sa culture, sa sensibilité littéraire et affective et ses gouts. De sa littérature, il donne des extraits après avoir rappelé que les Dieux lui ont attribué la puissance, la clarté, la volonté, l’endurance. Il a donc pu développer sa subjectivité (où rayonne encore toute la modernité de Rome). Car il transformé Rome, esquissant l’Empire et l’extension de la romanité dans son cursus honoris où il a ouvert les portes du temps.
Il reste lui-même un Dieu et, dans cet ouvrage, il offre un aspect varié « avec son alternance de poutres et de pierres, celles-ci n’en formant pas moins des lignes continues qui se coupent à angle droit ». Mais il est, de plus, très pratique et parfaitement adapté à la défense des villes, « car la pierre le défend du feu et le bois des ravages du bélier, celui-ci ne pouvant ni briser ni disjoindre une charpente où les pierres qui forment liaison à l’intérieur ont en général quarante pieds d’un seul tenant ». Bref, l’empereur fait le point, se fend de quelques aveux. Il aime le bruit du forum, l’apprentissage cognitif, les ablutions de savoir aristocratique qu’il reçut, l’efficience de sa stratégie, le silence des Dieux et surtout la beauté divine des vestales « qui semblent déjà dans l’éternité, comme les temples dont elles sont les gardiennes ».
Il n’oublie pas plus les jeunes Romaines, dont le hiératisme et les mensurations mettaient à genoux ou à reddition tout homme d’ordinaire composition, l’odeur de la terre par grand temps de pluie et la vaste plaine insalubre à partir de laquelle ses intentions ont érigé Rome et la Louve aux pis nourriciers qui donnent autant la force que l’absence du sens de l’Histoire (puisque il était déjà l’Histoire). Pourquoi d’ailleurs se priver de la douceur de la génitrice puisque sa descendance est là ?
Orateur de lui-même et de cette pièce de théâtre, Caesar reste « celui par qui les choses ont fini par se produire ». Sortant des archives impériales, nombre d’ouvrages issus de civilisations anciennes ou contemporaines, sa parlure ordonne le monde sans borne. En son nom, tout livre à venir reste son avenir.
jean-paul gavard-perret
Stéphane Pucheu,
C
C J C
C
OU
CAIUS JULIUS CAESAR
Douro, coll. Le bleu Turquin, Douro éditions 2025, non paginé.