Martine Francillon, AR(t)BRE & art contemporain

Martine Francillon, AR(t)BRE & art contemporain

L’arbre et le monde

Depuis longtemps dans l’art, l’arbre s’impose et s’étend sur ce que les mots ne peuvent dire à travers la proximité de ses formes que les créateurs déclinent ou font plutôt pousser. Une telle thématique est proche de l’humain parce que liée autant au dehors qu’à un dedans inconnu. Elle  illustre une problématique esquissée pour l’art par Georges Duthuit :  « la faculté de ne pas plus attacher d’importance à ce qui est et ce qui n’est pas ».
L’exposition de Martine Francillon, dans son Ecologie du regard autour de l’artiste brésilien Frans Krajcberg – qui incarne le propos du livre en raison de son oeuvre et de ses engagements dédiés à l’arbre – propose 170 propositions d’une pléthore de créateurs dont Pierre Alechinsky, Catherine Baas, David Nash, Parmiggiani, Renzo Piano, l’inévitable Ernest Pignon-Ernest, Jean Nouvel, Ugo Rondinone, Barthélémy Toguo, Bob Verschueren, Villeglé, Xioagang Zhang et bien d’autres encore.

L’exposition et le livre se veulent à la fois un combat contre la déforestation et l’affirmation du pouvoir de l’art. Le regard prospectif des artistes anticiperait nos questionnements pour éveiller mes consciences et pousser à la conversion du regard. Selon Martine Francillon, « L’écologie environnementale ne serait possible qu’à la condition qu’il y ait également une écologie mentale ». Chaque oeuvre témoigne donc des enjeux portés par le livre.
De simples toiles paysagères comme des projets architecturaux et des installations créent un univers qui joue sur l’indétermination subie ou qui nous fait entrer dans l’improbable. Entre le réel et son reflet, il ne s’agit pas pour autant de créer un art de vivre, de sauver les contours mais de mettre à nu un seuil de présence qui ne cesse de reculer.

Dans le double jeu du réel et de son reflet, les données figuratives de l’un et de l’autre registre disparaissent,  s’unissent en un ensemble. Elles portent la sensation par effet de trouble vers le clair ou par effet de clarté au trouble. Cela traduit à la fois le refus de la certitude préétablie et la lutte engagée par les démiurges de l’art contre les monstres prométhéens d’un « futur » à côté de ses pompes.

jean-paul gavard-perret

Martine Francillon, AR(t)BRE & art contemporain, Les éditions La Manufacture de l’image et l’Institut du monde arabe, 2017.

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