Maria-Sofia Mormile, Les Bourbons dans la Révolution. Biographie d’une famille en quête d’unité (1789-1830)

Maria-Sofia Mormile, Les Bourbons dans la Révolution. Biographie d’une famille en quête d’unité (1789-1830)

C‘est à une sorte de révolution copernicienne à laquelle nous convie Maria-Sofia Mormile. Celle qui nous oblige à réévaluer les rapports politiques et personnels entre les membres de la famille royale française jetée dans la tourmente de la Révolution et de l’Empire.

La méfiance atavique de la branche aînée pour les cadets Orléans, et dans une moindre mesure pour les Condé, semble plus qu’incrite, presque enracinée, dans l’histoire de la maison de Bourbon. Après tout, les souvenirs de la Fronde n’étaient pas si éloignés, et l’activisime politique du duc d’Orléans, à la veille et au début de la Révolution, avait de quoi les réveiller chez un Louis XVI à la recherche de la meilleure voie politique. Sa participation à l’aventure révolutionnaire jusqu’au fatidique vote du régicide, puis celle de son fils Louis-Philippe aux guerres révolutionnaires suffiraient à elles seules à justifier le fossé infranchissable entre Provence et Artois d’un côté, et les Orléans de l’autre.

Pourtant, le travail de Maria-Sofia Mormile lève le voile sur une autre réalité, celle d’une unité très forte entre les membres de la famille des Bourbons. Bien sûr, pèsent sur eux le poids des oppositions et des méfiances entre branches, celui des visions politiques divergentes quant au positionnement face à la Révolution. Mais il existait bien d’autres facteurs agissant dans le sens contraire : les souvenirs de jeunesse et les liens créés dans le cadre enchanteur du système versaillais – tous ont été en fait des nostalgiques de cette époque – et surtout cette conscience d’appartenir à un groupe familial hors du commun au vrai sens du terme. Une famille quasi divine avant 1789, structurée par des régles, des hiérarchies, des préséances que tous les membres, y compris le futur roi des Français, connaissaient, appliquaient, intégraient.

Vue de l’extérieur, cette réalité peut paraître illusoire, voire hypocrite. Rien de tout cela selon l’auteur. Quand, dès l’exil de 1789, le comte d’Artois s’oppose ouvertement à Louis XVI, pourtant son roi et son aîné, il le fait en vertu de la protection des intérêts de la dynastie qu’il juge menacés par la politique en apparence faible du souverain. Ainsi s’explique le pardon qu’il accorde à Louis-Philippe et ses efforts pour le réintégrer dans le cercle familial. Et ce dernier ne ménage pas ses efforts pour reprendre à son compte la dénomination de Bourbons, pourtant abandonnée depuis la Régence dans la branche orléaniste.

C‘est encore Artois qui résume le mieux ce sens familial si particulier quand il écrit,en 1800, quand tout semble perdu pour les Bourbons : « Et si tout le monde nous abandonne, nous trouverons en nous-mêmes des ressources qui finiront par nous faire triompher. »

Les princes, en réalité, appartiennent à un autre monde. Ce livre le démontre parfaitement.

Maria-Sofia Mormile, Les Bourbons dans la Révolution. Biographie d’une famille en quête d’unité (1789-1830), Armand Colin, septembre 2025, 357 p. – 23.90 €.

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