Une virtuosité dans le jeu politique

Les 5 Terres abritent cinq races animalières différentes. Les Félins, qui règnent sur Angleon, sont les plus puissants.
Après le décès du vieux roi issu d’une lignée de tigres, une période de flottement dans la gouvernance amène les lions à organiser un soulèvement. La Garde menée par le capitaine Blasserius, réprime brutalement la révolte.

Mederion, un Tigre, le benjamin des petits-enfants du vieux roi, a ourdi quelques complots pour éliminer ses frères, les héritiers naturels du trône. Il prend le pouvoir avec Terys, un lion qui devient son Ombre. Ils avaient scellé une alliance pour dégager du pouvoir la vieille génération. Ils veulent incarner un renouveau et en finir avec les rivalités entre races.
Astrelia, la fille cadette du vieux roi, se dissimule sous un habit de moniale dans un couvent perché sur un piton rocheux.
Alors que le nouveau monarque organise une remise de médailles et de récompenses pour Blasserius et la Garde, des étudiants voient dans cette nouvelle situation l’occasion de changer de pouvoir politique.
Les otages, sous l’impulsion de Bakhel la lézarde, acceptent de la suivre pour s’évader et descendent dans les souterrains de la cité.
Ce jeune roi commence à mettre en place un certain nombre de réformes, mais la situation sociale devient explosive…

Les trois scénaristes (David Chauvel, Andoryss et Patrick Wong) s’entendent comme larrons en foire pour mener leurs intrigues politiques de façon remarquable. L’intrigue de cet album propose les différentes étapes de la nouvelle gouvernance pilotée par Mederion et Terys, la traque d’Astrelia par une équipe de tueurs et un mercenaire chargé de la protéger, le complot d’un groupe d’étudiants voulant le changement et l’évasion de quatre otages, les représentants des autres peuples…
La transposition de partis politiques en races animalières est une belle idée. Cela permet au lecteur de s’amuser à faire des comparaisons avec les groupes qui prétendent être capable de gouverner un pays, de faire des rapprochements avec des individus ou des situations existantes. On retrouve le « « dégagisme » qui a prévalu pendant quelque temps dans la classe politique française.

Jérôme Lereculey réalise un dessin remarquable pour la mise en images de l’intégralité de ce monde animalier. Si les personnages ont une expressivité réduite, leur gestuelle est explicite. Les décors sont soignés et la mise en page témoigne d’une recherche narrative bien adaptée.
La mise en couleur de Dimitris Martinos donne du volume et complète heureusement le graphisme.

Ce quatrième tome donne une belle envie de voir cette histoire se développer encore pendant quelques albums.

lire un extrait

serge perraud

Lewelyn (scénario), Jérôme Lereculey (dessin) & Dimitris Martinos (couleur), Les 5 Terres – t.04 : La même férocité, Delcourt, coll. « Terres de légendes », septembre 2020, 56 p. – 14,95 €.