Grand-peur et misère du IIIe Reich (Bertolt Brecht  /  Julie Duclos)

Grand-peur et misère du IIIe Reich (Bertolt Brecht  /  Julie Duclos)

© Simon Gosselin

Une grande table recouverte d’une nappe est délaissée après un repas. Tandis qu’on s’affaire pour débarrasser, la visite d’un frère introduit l’intention nazie dans la discussion conviviale : au jeu de déjouer les faux, la discussion reste indécise. On sait qui pourra l’emporter : le seul pouvoir brut. Plusieurs scènes montrent comment le doute s’insinue dans les esprits, au cœur de la vie privée, devenant insensiblement publique. 
Les tableaux successifs montrent la prévalence grandissante de la communauté nationale sur l’individu. Le propos est parfois illustré par des images en grand format, projetées en fond de scène. La juive qui part en exil est exhibée crument dans un monologue qui se déploie sans interlocuteur. La scène qu’elle mime avec colère, elle la revit dans la douceur, donnant une image vive de la dénégation.  

Il s’agit de montrer que le totalitarisme est une affaire de conscience. La musique pondérée, les changements fluides de décor manifestent l’aisance de la soumission. L’uniformisation de la société s’instaure par glissements successifs, faits d’infimes renoncements. Une mise en scène délicate, sobre, mais trahie par une relative absence d’intention. 
Sur les vingt-quatre tableaux numérotés que comprend la pièce de Brecht, une douzaine seulement est présentée. Ceux qui montrent l’oppression telle qu’elle s’est historiquement développée n’ont pas une fonction d’édification. Ils restent donc insuffisamment efficaces, contrairement à ceux qui exhibent une argumentation respectivement factice, renonciatrice ou auto-accusatrice (“A la recherche du droit” ; “Le sermon sur la montagne” ; “Le mouchard”).  Car ceux-ci peuvent à bon droit nous interroger aujourd’hui sur l’exercice de notre jugement et sur notre présente acuité intellectuelle. 

de Bertolt Brecht 
mise en scène Julie Duclos

Avec Rosa-Victoire Boutterin, Daniel Delabesse, Philippe Duclos, Pauline Huruguen, Yohan Lopez, Stéphanie Marc, Mexianu Medenou, Barthélémy Meridjen, Étienne Toqué, Myrthe Vermeulen 
et les enfants (en alternance) Salomé Simon Botrel, Elliot Guyot, Philaé Mercoyrol Ribes, Raphaël Takam, Mélya Bakadal, Julien Petersen. 

Traduction Pierre Vesperini ; scénographie Matthieu Sampeur ; lumière Dominique Bruguière, en collaboration avec Émilie Fau ; vidéo Quentin Vigier ; son Samuel Chabert ; costumes Caroline Tavernier ; assistant à la mise en scène Antoine Hirel. 

Au théâtre de l’Odéon Place de l’Odéon, 75006 Paris, du 11 janvier au 7 février 2025, durée 2h15, du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15h, relâches les lundis et le dimanche 12 janvier. 

Représentations surtitrées en anglais les 18, 25 janvier et le 1er février, représentation surtitrée en français le mardi 4 février à 20h,  

représentations avec audiodescription les jeudi 30 janvier et dimanche 2 février. 

Location https://www.theatre-odeon.eu/fr/grand-peur-et-misere-24-25 ou 01 44 85 40 40. 

Créé le 24 septembre 2024 au Théâtre national de Bretagne (Rennes) production L’In-quarto coproduction Théâtre national de Bretagne – Rennes, Odéon-Théâtre de l’Europe, Comédie de Reims – centre dramatique national, Théâtre de Lorient – centre dramatique national, La Comédie de Saint-Étienne – centre dramatique national, Comédie de Caen – centre dramatique national de Normandie, Les Gémeaux – scène nationale Sceaux, Théâtre national de Nice – centre dramatique national Nice Côte d’Azur la compagnie est conventionnée par le ministère de la culture – direction régionale des affaires culturelles Île-de-France Tournée 2025 13 au 22 février – Théâtre National Populaire, Villeurbanne 27 février au 2 mars – Théâtre du Nord, Lille. 

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