Si l’objectivité existe dans le commentaire sur le Moyen-Orient, vous la trouverez dans ce livre passionnant et instructif

Il m’a toujours semblé inutile d’intervenir personnellement dans mes notes de lecture. Mais ce livre mérite de déroger à l’habitude. Je suis sociologue et j’appartiens à cette branche de la sociologie qui traque les « pré-notions » – les opinions premières – dans le but, notamment, de lutter contre les pré-jugés pour les transformer en « connaissances ».

Pour de multiples raisons, je me suis toujours intéressé au conflit du Moyen-Orient et je n’arrivais pas, jusqu’à présent, à trouver un ouvrage qui réussisse à satisfaire mes exigences de sociologue. Les livres sont fréquemment orientés contre la politique menée par Israël (Gresh, par exemple), reposent sur une argumentation inexistante (Boniface) ou sont au contraire des entreprises de glorification de l’État hébreu. Et, enfin, Géopolitique d’Israël est arrivé. L’objectif de ce dictionnaire est d’observer Israël hors du brouillard imaginaire et fantasmatique qui l’entoure trop souvent, (…) sans apologie ni démonisation. Cet ouvrage y parvient avec une exactitude de métronome !

En cent onze entrées allant de « Afrique noire » à « Union soviétique/Russie », en passant par « Arafat », « Cisjordanie », « Gaza « , « Intifada », « Sharon » et encore bien d’autres, Frédéric Encel et François Thual cassent les idées reçues. Pour ne prendre qu’un exemple afin de laisser le lecteur découvrir les autres « mises au point » : les relations entre la France et Israël seraient affectives. En réalité, elles relèvent de l’intérêt bien compris des parties. Nos géopoliticiens-sociologues ne cessent ainsi de lutter contre les lieux communs qui empêchent de penser rationnellement Israël.

Si l’objectivité existe dans le commentaire sur le Moyen-Orient, vous la trouverez dans ce livre passionnant et instructif. Chacun d’entre nous devrait se référer à ce Dictionnaire pour sortir des fantasmes afin de clarifier sa position sur un conflit qui cristallise les passions. D’autant qu’il comporte également des annexes très intéressantes, une bibliographie très complète et une chronologie géopolitique très utile.

eric keslassy