Anja Niemi, The woman who never existed

Anja Niemi, The woman who never existed

Revitaliser l’histoire du désir

Certaines blessures du réel ne demandent qu’à s’asseoir près des héroïnes d’Anja Niemi dans un besoin mélancolique de partager le chagrin du temps passé ou de trouver dans leurs masques des reliques la vie cachée. Sous une forme de satiné, l’érotisme est mis ici en abyme. Et ce, à travers l’actrice italienne avant-gardiste du début du XXème siècle Eleonora Duse qui avait le sentiment d’exister uniquement devant le regard des autres.
Mais la photographe s’amuse à brouiller les pistes et à lui ouvrir d’autres voies dans des jeux de vanité, de postures, voire de poisons insidieux. Anja Niemi se plaît comme souvent à ironiser une sorte de romance avec légèreté. Le doux murmure des images devient l’écume des jours en une suite d’ellipses astucieuses. Et si l’humour est présent, il se refuse à tout aspect sardonique.

Les courbes du désir semblent étouffées mais pour vivre de manière plus profonde. Anja Niemi sait ainsi biffer le passé en rebondissant dessus, trouer la peau de l’inconscient pour le vider de ses miasmes. Ou si l’on préfère, elle ensevelit l’hier et l’émoi de ses heures dans un aujourd’hui où l’histoire du désir comme celle de l’actrice est revitalisée.

jean-paul gavard-perret

Anja Niemi,  The woman who never existed, Editions Jane & Jeremy, 2017, Londres, £ 90.

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