Albane Gellé, Terre

Albane Gellé, Terre


« Poignée de terre, son grain, son parfum, comment nommer, / la terre-langue, avec des mots/ de terriens, une langue / pas étrangère », écrit Albane Fellé dans un de ses courts poèmes de recréation du monde comme Dieu le fit avec une poignée.

Ici, la litanie se déploie loin de l’entité céleste mais autour de ce mot « Terre ». C’est une suite d’odes express et de chants pour célébrer la Terre en cette forme et une langue qui recueille la puissance autant que le mystère, et la diversité. Parfois, elle n’est que terre battue et rebattue sous les pieds et les « pattes de nos troupeaux / serrés étroits debout couchés, la nuit le jour/ dans bergeries et porcheries, granges écuries/ et poulaillers, terre cimentée et carrelée / la vie sur terre sans plus la terre. « . Mais l’auteure compte sur elle pour sa possibilité de métamorphoses plus vers la paix que le grondement du monde et ses menaces.

Parfois lancée sur un terrain fertile, parfois inquiète de l’insondable de ses forces, Albane Gellée sonde sa matérialité avec le temps, la vire, son ventre , son mystère. « Terre une année pour faire un tour/ de soleil, combien de jours combien de tours/ puissances de chiffres, racines / de nombres, des équations/ et théorèmes à une échelle de quelles vies », lance-t-elle en forme de mantras. De tels poèmes semblent multiples mais uns pour leur sujet. Celui-ci est chanté, invoqué, interrogé dans cette forme poétique que Nelly Buret ponctue de ses dessins pour créer de « variations » musicales pour toucher sens et esprit, un peu dans le sens de Magritte, là où la vie se cherche.
Car si le monde existe, il n’est pas du pipeau ou une pipe. Du moins tant que son sol s’agite sans dièses ni baies molles.

Albane Gellé, Terre, avec des dessins de Nelly Buret, L’Atelier Contemporain, Strasbourg, 2025, 80 p. – 20,00 €.

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