L’impulsion à écrire surgit précisément là où les significations défaillent Elle relève du défi d’obtenir de plus que des traces : des preuves. Et c’est pourquoi chez Duras le sujet demeure l’amour. Mais il existe dans sa logique de nomination un lavage du cerveau concocté par fabricants de chromos pour nous faire savoir ce qui en est de l’amour.
Marguerite Duras efface bien des malentendus sur le rapport aux êtres en écartant les questions annexes et superflues. Elle pose la question de fond dont les mots sont l’inéluctable produit par ce qui (nous) brûle en eux. Chez elle, le corps ne reste pas en deçà ou au-delà de la langue : mais dedans. Nous sommes dans ce cube de langue et il est clos mais sans issue vers une régression fusionnelle stupide ou les exaltations d’une sublimation aphone.
Duras aura toujours écrit dans la pression de sa différence sans cultiver ni rien rechercher, ce qui relèverait d’un hermétisme ésotérique. Pas de secret dans ses écrits, ce sont eux qui forment l’idée qu’il y a du secret derrière leur “aimez moi”. Dès lors, l’expérience de l’intime fut chez elle une rude bataille pour se dégager du corps constitué de la langue (et du nôtre).
jean-paul gavard-perret
Photo Vivent Ferrare