Lucie Revil a abandonné un métier lucratif de juriste d’affaires dans un cabinet d’avocat situé à la frontière genevoise pour repartir à zéro. Elle a repris d’autres études afin d’apprendre les bases du travail du métal. Celui-ci est devenu sa passion et lui permet de d’être une artiste habitée d’une puissance créatrice originale.
Avec elle le métal se transforme souvent en une ligne claire dont les parcours et torsions inscrivent divers types de narration même lorsqu’elle propose des objets d’usage courant. Ce travail de fond et de germination cherche à unir ce qui est séparé : le soleil à la terre comme le jour à la nuit, le sommeil à l’éveil — celui qu’elle retrouve chaque matin, en refermant les portes de la nuit, pour ouvrir son regard sur des formes rêvées par la lumière.
Elle tente ainsi dans l’âpreté de la matière de connaître le secret du souffle. La sculpture ne devient ni un simple objet ni un simple geste : elle témoigne de ce qui est et de ce qui soulève le réel. Le fer ou l’acier permet un transfert d’optique dans le sensible.
Pour cette raison, la sculpture chez Lucie Revil semble toujours dégagée de sa pesanteur. Le silence s’ouvre : l’artiste fait parler sa matière en un point de méditation et un défi face au despotisme d’un système où nous infusons.
Lucie Revil : Galerie Exit, rue des bains Aix les bains . Exposition novembre-décembre 2023, MJC d’Aix les bains.
Liens de son site et page instagram :
https://www.instagram.com/filae_luna/?hl=fr
https://filae-luna.com/
Entretien :
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
Mon chien ou la passion
A quoi avez-vous renoncé ?
A séduire.
D’où venez-vous ?
De Chambéry
Qu’avez-vous reçu en “héritage” ?
Le travail manuel de mon grand-père
Un petit plaisir — quotidien ou non ?
Le café
Comment définiriez-vous votre esthétique ?
Une métallerie d’art.
Quelle est la première image qui vous interpella ?
La neige qui tombe.
Et votre première lecture ?
“L’Assommoir”
Quelles musiques écoutez-vous ?
Beaucoup. En ce moment la musique celtique.
Quel est le livre que vous aimez relire ?
Les “Codex” de Da Vinci.
Quel film vous fait pleurer ?
“Dancer in the dark” de Lars von Trier même si le film de lui que je préfère reste “Dogville”.
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
A moi-même.
Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Edimbourg.
Quels sont les artistes et écrivains dont vous vous sentez le plus proche ?
Da Vinci pour son oeuvre, Guitry et Desproges pour le sens de la formule, Kubrick pour la clairvoyance.
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Des livres, des livres.
Que défendez-vous ?
Plein de choses : des animaux au bon sens humain.
Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Cette phrase me rappelle celle de Woody Allen : “Ne dites pas de mal de la masturbation. C’est la manière la plus sûre de faire l’amour avec quelqu’un qu’on aime.”
Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la question ?“
Celal ui ressemble.
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
Comment ça va ?
Entretien et présentation réalisés par jean-paul gavard-perret, pour lelitteraire.com, le 11 octobre 2023.