Les ré-enchantements de Marie de Quatrebarbes
Marie de Quatrebarbes est la première à définir la spécificité des “Vanités”. Sous leurs effets de réel, ces pièces ne cessent de créer des métamorphoses. Si bien que leur sujet qui “fait” et représente leurs disparitions crée des renaissances : preuve que le ver vital est en de tels fruits.
Sourdement, il les transforme loin des contes de fée mais pour une magie des masses connues. Sans un tel genre pictural, les laissés pour compte, “mollusques & huîtres, limaçons gélatineux, mouches du rosier” et tant de choses encore avant de disparaître trouvent une dignité que seule la peinture leur octroie.
L’inanité et l’inerte reprennent donc existence et mouvement : les insectes deviennent des pierres mobiles au moment où celles qui semblent fixées dans l’éternité pourrissent.
Les Vanités créent ainsi du postiche dans le regard et le monde devient capricieux
Ce qui est considéré comme minime devient objet fantasmatique là où le genre réengendre les codes. Le poème en un tel livre propose à la suite de son objet une autre histoire romanesque. L’objet ou les moments s’aristocratisent. Il retrouve une place majeure là où, dans les autres genres picturaux, ils sont relégués au statut de décor.
Un tel texte est donc celui des rappels et recommencements là où la nature elle-même est rendue magique par le texte comme par les images. Les deux ici ne disent ou ne montrent pas où ils vont mais ils avancent entre proche et lointain, fin et renaissance.
Il suffit de suivre le regard (qui mord) de Marie Quatebarbes en de tels rendez-vous du différé devenu présent afin que notre regard cesse de voleter en shuntant l’essentiel, loin des supercheries des divagations philosophales au profit de ce qui est.
jean-paul gavard-perret
Marie de Quatrebarbes, Vanités, Éric Pesty éditeur, 2023, 38 p. — 10,00 €.
Ô Marie si vous saviez comme les Vanités sont des morbidités ! JPGP en dresse avec lucidité les anamorphoses à l’aune de votre impeccabilité de vos rêves éveillés .