Amalia Achard, Errances

Pour ano­blir néan­moins les âmes

Inflexible, juste, pré­cise, ne cher­chant ni à enjo­li­ver ou empi­rer les choses, Ama­lia Achard a écrit son his­toire de la plus exacte manière qui soit : “Je l’ai écrit à la hâte, sans réflé­chir, sans cher­cher à faire de la belle lit­té­ra­ture, ce n’était pas mon but, pas ici ; j’étais comme l’enfant à qui l’on dit « chut, c’est bon, c’est fini, cela ne fait plus mal ! »”.

Racon­ter une vie et sa scène paroxys­mique qui aurait pu faire bas­cu­ler l’auteure-victime n’est sans doute pas donné à tout le monde. Et replon­ger en un tel moment par l’écriture pour le revivre demande du cou­rage.
Ce fut sans doute une manière de com­prendre ce qui advint et per­mettre de mieux se connaître.

Mais il existe aussi une grande leçon de vie qui trans­cende l’autothérapie obli­gée eu égard à une telle catas­trophe. Se res­sent aussi ce qui fait le génie d’une telle auteure. Elle refuse tout effet de sur­plomb et s’est bat­tue seule et pour la vie.

“J’ai pu par­don­ner afin que je ne garde plus que de la com­pas­sion envers tous les éga­rés du monde.” écrit-elle. Dis­crète, pudique, l’auteure n’en tire aucune gloire même si — et ce n’est que jus­tice — ce livre, dont pour l’auteure la page fut tour­née car la vie est trop courte pour s’attarder dans ses recoins les plus sombres, a été récom­pensé du Pre­mier Prix Spé­cial par la SPAF (Société des Poètes et artistes de France).
S’y super­posent la courbe de l’invisible et celle de l’évidence.

jean-paul gavard-perret

Ama­lia Achard, Errances, Edi­tions Stel­la­ma­ris, Brest, 2021, 238 p. — 25,00 €.

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