Comme tout poète digne de ce nom, Catherine Andrieu tourne sur elle-même et ne possède aucun autre espoir.
Sa principale “faute” est la poésie . Car seule elle montre ce que la créatrice a “dans le ventre”.
Sa jouissance n’est plus évènementielle, référentielle, ou avènementielle : mais vie et poésie se conjoignent en un étrange composite que la métrique classique dévoile peu à peu sans jamais en élucider la matière : histoire entremêlée de l’être, de la peinture et de la littérature pour une forme de paradoxal épanouissement.
Le plein temps du corps est à son hiver mais vers son été tout autant, en un état naissant d’une forme de latence à travers la dispersion fictionnelle et existentielle.
Ce qui fait que le sujet d’un tel livre n’est que son écriture en une succession de corrections — manière de raturer ce qui vient de s’écrire en des suites de moments soumis à l’impulsion d’une nécessité narrative sans fin.
L’auteure possède en elle une exigence de globalité. Elle sait qu’il existe des choses qu’on pense à un moment donné qu’il faudrait arriver à dire. Mais en même temps surgissent des contradictions et il s’agit de faire sortir tout ça dans ce feuilleté insaisissable.
Toutefois, l’écriture ne parvient qu’à émettre une émulsion de réalité par rapport à laquelle le reste est une “fiction” comme si la mythologie devenait toujours le ver dans le fruit. Pour autant, la notion de salut par l’écriture n’est pas forcée.
La poésie est écrite dans sa poussée pulsionnelle et érotique pour ne pas mourir ou du moins pas en totalité.
D’aucuns pourrait prendre cela pour un suicide à petit feu. Mais, de fait, existe dans ce livre une contradiction aussi dont la culpabilité oblige. Il en va de sa survie dans la passion de l’origine dont la poétesse essaye d’atteindre le fond.
Celle-ci reste attelée à une reprise en mains contre un commencement qui jusque-là s’égrénait en répétitions.
jean-paul gavard-perret
Catherine Andrieu, Alors je jouai Antigone à coeur éperdu, Rafael de Surtis Editeur, Cordes sur Ciel, 2023, 36 p. — 17,00 €.
La mythologie grecque devient toupie en poésie de survie . Je n’ai rien compris