Laurent Joffrin, Les Enquêtes de Nicolas Le Floch — Le cadavre du Palais-Royal

Le retour de Nico­las Le Floch !

Les Enquêtes de Nico­las Le Floch débutent en 1761 par L’Énigme des Blancs-Manteaux (parue en 2000). Jean-François Parot écrit qua­torze volumes et sou­hai­tait que son héros tra­verse la Révo­lu­tion fran­çaise.
Mais, en 2018, la camarde en a décidé autre­ment. Son fils et l’éditeur décident de concré­ti­ser ce sou­hait et confient à Laurent Jof­frin, le soin de conti­nuer à faire vivre le héros.

Le hobe­reau bre­ton, Nico­las Le Floch, mar­quis de Ran­reuil ‚a quitté ses terres à la demande du roi Louis XVI qui craint pour la sécu­rité de sa famille après les évé­ne­ments du 14 juillet. Ce 26 sep­tembre il quitte Ver­sailles pour Paris parce que Bour­deau, son ancien adjoint au Châ­te­let, veut le voir d’urgence. Un peu retardé par une émeute de la faim, c’est autour d’un plat de tripes que Bour­deau explique qu’un crime de rôdeur pour­rait cacher un crime d’État.
L’avant-veille, dans la nuit, un couple a été enlevé par cinq sbires près du Palais-Royal. L’homme a tenté de fuir, la femme s’est bien débat­tue. Le corps de l’homme a été retrouvé dans la Seine, le visage écrasé. La femme a laissé sur les lieux une bague qu’un porte-falot a ramas­sée et por­tée au dis­trict. Bour­deau la donne à Nico­las qui remarque la richesse du bijou et trois ini­tiales gra­vées M.A.R Maria-Antonietta Regina, la reine.
Très vite, Nico­las retrouve l’identité de la femme, une amie et dame d’honneur de Marie-Antoinette. Mais il va devoir s’impliquer dans ce qui res­semble bien à un com­plot qui met en scène des ténors du Tiers-Etat, des membres de la famille royale…

Laurent Jof­frin, bien connu des ama­teurs de romans sur la Révo­lu­tion fran­çaise, a accepté de rele­ver le défi, ayant une pré­di­lec­tion pour cette période par­ti­cu­liè­re­ment riche en bou­le­ver­se­ments. N’a-t-il pas écrit, entre autres, trois livres his­to­riques avec Dona­tien Lachance, détec­tive de Napo­léon.
Il retient, pour cette nou­velle enquête, l’automne 1789 après la pro­cla­ma­tion de l’Assemblée natio­nale, les épi­sodes du 14 juillet et du 4 août. Le roi, à Ver­sailles, est hési­tant. À Paris, le Palais-Royal est le lieu de toutes les intrigues. L’auteur place alors le héros, remo­bi­lisé pour assu­rer la sécu­rité de la famille royale, au cœur d’une lutte entre une monar­chie sur la défen­sive, des dépu­tés du tiers-État qui veulent une réforme du régime et le peuple qui aspire au monde nou­veau qu’on lui fait miroiter.

On retrouve tout ce qui fai­sait le charme des romans avec l’importance de la cui­sine. Ici, la des­crip­tion de la pré­pa­ra­tion des tripes, d’une volaille de Bresse fait sali­ver. Ce sont éga­le­ment les des­crip­tions minu­tieuses des lieux, des métiers, des per­son­nages de toutes couches sociales et les frasques amou­reuses de Nico­las.
Mais l’auteur apporte aussi de per­ti­nentes ana­lyses des situa­tions poli­tiques et met en scène des per­son­nages emblé­ma­tiques de cette période tels Mira­beau, la Fayette, le duc d’Orléans, le comte de Provence…

Avec cette enquête, Laurent Jof­frin livre une intrigue en totale cohé­rence avec les agis­se­ments des pro­ta­go­nistes qui œuvraient tant dans la lumière que dans l’ombre.
Une réus­site totale !

serge per­raud

Laurent Jof­frin, Les Enquêtes de Nico­las Le FlochLe cadavre du Palais-Royal, Édi­tions 10/18, n° 5810, coll. “Grands Détec­tives”, octobre 2022, 312 p. — 8,50 €.

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Filed under Chapeau bas, Pôle noir / Thriller

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