Stefano Gili, Pantelleria
Maître du noir et blanc, Stefano Gili choisit la couleur lorsqu’il ne s’agit pas d’embellir le réel mais d’accentuer la dureté d’espaces de transit ou d’abandon, signe d’une époque non seulement sans grâce mais sans espoir.
Comme l’écrit le photographe, « Lorsqu’on arrive à Pantelleria, on est presque désorienté : la solitude, les bâtiments en ruine, les routes imperméables, inégales et au tracé incertain ». Il offre un tour de l’île là où tout romantisme est devenu exsangue.
Cela crée un sentiment de vide absolu comme si, en de tels paysages, les barrières elles-mêmes ne signifient plus rien tant les chemins ne mènent désormais nulle part. Là où habituellement le charme opère dans les photographies de Gili, tout est conçu afin de suggérer qu’aux vies antérieures les prochaines qui leur succèdent auront du mal à résister.
L’éradication devient la marque d’une telle série. Elle refuse de « poétiser » un tel espace et opte pour une radicalité afin de souligner ce que devient une île jadis symbole de vie et d’espérance.
Désormais, il n’est pas jusqu’à l’immensité de la mer à ne pouvoir être encore admirée.
jean-paul gavard-perret
Stefano Gili, « Pantelleria », 2022, https://gili.photo/
